Il y a ceux qui collectionnent les sneakers, d’autres les grands crus. Jérémie Vanopdenbosch, lui, collectionne surtout les connexions — les bonnes. Avec « 15 règles d’or pour créer un réseau influent », l’entrepreneur belge signe un guide vif et pragmatique pour passer de l’inconnu qu’on contourne en cocktail à la personne que PDG et artistes viennent saluer en premier.
De 5 000 rejets à un carnet d’adresses stratégique
Son histoire commence par une douche froide : 5 000 rejets encaissés lors d’un concours d’entrepreneurs, où il a présenté une pièce permettant de fixer des artifices aux bouteilles de champagne. En cinq semaines, 15 000 personnes approchées, 10 000 « oui », 5 000 « non »… et une conviction : l’échec n’est pas un accident, c’est le processus. Plutôt que de forcer les portes principales, mieux vaut « attaquer le mur par les fissures » : contourner, multiplier les voies d’accès, capitaliser sur chaque micro-ouverture.
Autre leçon : la réussite dépend autant de qui l’on connaît que de qui nous connaît. Ce basculement, Jérémie Vanopdenbosch l’a opéré en travaillant des détails très concrets (rythme de voix, clarté du pitch) façon Lean Six Sigma appliqué aux interactions.
Les « connecteurs », pièces maîtresses du jeu
Inutile d’additionner les contacts par milliers. Ce qui accélère vraiment, ce sont les connecteurs : ces profils capables de relier, en deux messages, la bonne personne au bon moment. Les plus influents en ont toujours autour d’eux. On les repère parce que leurs noms reviennent sans cesse, dans les cercles d’affaires comme dans les boîtes de réception.

Trois secondes pour oser
Parmi ses règles les plus mémorables : la règle des trois secondes. Apercevoir une personne clé et engager la conversation dans les trois secondes, avant que le cerveau n’empile les objections. Cette poignée de main-là peut faire basculer une trajectoire. L’exemple de Christian Audigier (qui a abordé deux célébrités à Los Angeles avant de propulser Ed Hardy) illustre cette bascule nette entre inertie et accélération.
La timidité, un atout sous-estimé
Bonne nouvelle pour les discrets : maîtrisée, la timidité devient un avantage. Elle pousse à écouter davantage, compétence reine du réseautage. Les meilleurs, observe le serial entrepreneur, affichent un ratio d’environ 1/10 : parler une part, écouter neuf. Ajoutez une hypersensibilité utile pour sentir les dynamiques humaines, et l’on filtre mieux partenaires et entourages toxiques.
Donner, sans sous-texte
Le pilier le plus contre-intuitif reste la générosité sans attente. Le donnant-donnant calculé fige les relations ; l’aide sincère, elle, circule. L’anecdote célèbre de George Clooney offrant un million de dollars à ses amis de la première heure incarne cette logique. Idem quand Jérémie Vanopdenbosch met en relation Stromae avec les World Music Awards : une visibilité mondiale se joue souvent dans les coulisses, loin des posts publics. Cela n’exclut pas la lucidité : savoir dire non évite de se vider à force d’aider. L’objectif n’est pas la posture du « sauveur », mais l’alignement avec une vision et des valeurs communes.
Omniprésence raisonnée : LinkedIn, Instagram et réputation numérique
Le digital et le physique ne s’opposent pas, ils se complètent. LinkedIn structure la crédibilité (il a figuré en Top 100 en 2023, n° 1 en Belgique sur stratégie et motivation) ; Instagram permet des passerelles inattendues (jusqu’à un thé au cabinet de la Première ministre Sophie Wilmès à la faveur d’une connexion soignée). D’où l’exigence d’une e-réputation nette : si une recherche en ligne ne renvoie rien de professionnel, la suite s’arrête souvent là.

L’habitude qui change tout : arriver seul
L’astuce quotidienne la plus efficace tient en une gêne assumée : se rendre seul à un événement. Venir accompagné pousse à rester avec ses proches ; venir seul oblige à aller vers l’inconnu. C’est précisément là que naissent les opportunités.
Réseaux et influence : comment s’imposer dans un milieu verrouillé
Le livre s’attarde aussi sur la question des dynamiques de pouvoir dans un univers où le réseautage reste encore très masculin. L’exemple d’Anissa Jalab, connue pour avoir géré la carrière du rappeur Damso, illustre parfaitement ce propos. Dans un milieu souvent verrouillé, elle a su imposer son style et se rendre incontournable. Comment ? En gagnant la confiance directe des artistes, au point qu’ils ne voulaient travailler qu’avec elle. Résultat : elle est devenue intouchable, parce que les talents eux-mêmes exigeaient sa présence à leurs côtés. Une démonstration magistrale que dans le networking, la légitimité vient avant tout de la valeur réelle perçue par ceux qui comptent — et qu’il est possible de redessiner les règles d’un jeu même biaisé.

Ni cynique ni naïf, le propos de Jérémie Vanopdenbosch est opérationnel : le réseau n’est ni une chasse aux trophées ni une loterie, c’est une méthode. Avec de l’audace, de l’écoute et une générosité exigeante, les portes s’entrouvrent… puis s’ouvrent franchement.
Ce que l’on retient des « 15 règles d’or »
- Oser en trois secondes : l’hésitation est l’ennemi juré de l’opportunité.
- Chercher les connecteurs : quelques personnes clés valent mieux que des milliers de contacts tièdes.
- Écouter neuf fois plus que parler : l’information circule vers celles et ceux qui savent l’accueillir.
- Donner sans attendre : la confiance se bâtit sur la sincérité, pas sur les arrières-pensées.
- Soigner sa présence en ligne : la réputation numérique ouvre (ou ferme) les portes avant même la première poignée de main.
- Aller seul aux événements : l’inconfort est un investissement qui rapporte.
- Privilégier l’alignement : valeurs et réactivité transforment la connexion en collaboration.