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ING : le Marnix nouveau est prêt

L’inauguration officielle du siège historique d’ING Belgique, après plus de trois ans de travaux de rénovation, a lieu ce 25 septembre. Le bâtiment central, édifié en 1964, et ses deux ailes rajoutées en 1993 ont gardé leur apparence extérieure tout en étant entièrement modernisés. Le chantier, gigantesque, a mobilisé jusqu’à 250 ouvriers par jour pendant plusieurs mois et une soixantaine de sociétés différentes.

Ce 25 septembre, en fin d’après-midi, le Marnix rénové est officiellement inauguré, en présence notamment de Jan Jambon, vice-Premier ministre et ministre des Finances et des Pensions, et de Philippe Close, bourgmestre de la Ville de Bruxelles. Marnix, c’est ce bâtiment en H, au 24 de l’avenue Marnix, à Bruxelles-Ville, qui abrite le siège d’ING Belgique. Il avait été construit en 1964 pour héberger celui de la Banque Lambert, après l’incendie, huit ans plus tôt, de l’hôtel de maître dans lequel elle était installée depuis 1885 – alors sous le nom de « Lambert, agent Rothschild » puis de « Banque H. Lambert » –, à l’angle de la rue d’Egmont et, déjà, de l’avenue Marnix. L’édifice, conçu par l’architecte américain Gordon Bunshaft et construit par l’entrepreneur belge Émile Blaton, fut ensuite le siège de la BBL (dès 1975, après fusion de la Banque Lambert et de la Banque de Bruxelles) puis celui de la branche belge d’ING, lorsque le groupe néerlandais racheta la BBL, en 1998. À l’époque, il y avait cinq ans que l’édifice originel s’était enrichi de deux ailes, pour prendre sa forme de H asymétrique.

© ING/DR

L’inauguration de ce début d’automne marque en réalité la fin de plus de trois ans de travaux de rénovation. D’énormes travaux, au vu de :

  • la superficie du lieu (plus de 50 000 m2)
  • ses onze niveaux (dont deux en sous-sol)
  • l’ambition du chantier – « Rendre à Marnix son statut de pionnier en termes de transparence, de bien-être, de performances énergétiques et de durabilité, entre autres », résume Mathieu Dumont, ING Program Manager au sein de l’entité « CREFS » (Corporate Real Estate & Facility Services) en charge du projet –
  • le nombre de collaborateurs et collaboratrices (un millier) à y accueillir, outre la clientèle et les visiteurs et visiteuses
  • l’inscription notamment des façades et du mobilier historique du bâtiment sur la liste de sauvegarde du patrimoine bruxellois, en 2021

Les plans, les contretemps, les contraintes et les défis

Il y a quatre ans, ce classement, décidé par la Région de Bruxelles-Capitale, a été salué comme il se doit par les dirigeants de la banque mais il a aussi bouleversé leurs plans : la demande de permis d’urbanisme était ficelée, prête à être déposée après trois ans d’intenses réflexions et de travail de conception ; il a dès lors fallu revoir le projet, en tenant compte de nouvelles contraintes à respecter. Autrement dit : la demande de permis a été retardée de plusieurs mois et il y a eu impact sur le budget. De la même façon, la crise du Covid et la guerre en Ukraine ont été de sérieux contretemps, freinant le chantier et augmentant les prix de matériaux.

© ING/DR

Dans les faits, l’histoire de la rénovation démarre en réalité en 2018, avec la vente à Besix et Immobel de l’immeuble du Cours Saint-Michel, à Etterbeek, ensuite racheté par les Etats-Unis pour y implanter leur nouvelle ambassade et où travaillaient 2 300 employé(e)s d’ING. Qu’il fallait donc rapatrier, en tout ou en partie. La décision de les déplacer dans l’une des deux ailes de Marnix, à la place qu’occupait temporairement Axa – dont le siège, place du Trône, était… en rénovation –, a été rapidement prise. Corolaire, admis tant par la direction belge que par celle du groupe : la modernisation des trois bâtiments formant le H mythique. Celui du centre – l’originel – l’avait été en 2013 mais les deux ailes jamais, en trente ans d’existence. Le projet a donc démarré en 2019, avec les bureaux d’architectes A2M et Moreno chargés de la mission et Tractebel et Louis De Waele, notamment, à la manoeuvre.

De 1964 à 2025

En 1959, après l’incendie de l’hôtel de maître qui abritait leurs appartements et la banque, le Baron Léon Lambert et sa mère, Johanna von Reininghaus, sollicitent Le Corbusier pour la conception d’un nouveau siège. L’architecte franco-suisse ayant décliné, ils se tournent vers l’Américain Gordon Bushaft, qui accepte. On lui doit notamment la Lever House, sur Park Avenue, à New York : une tour de verre (la première du genre) de 21 étages et 92 mètres de haut, érigée en 1951-1952 et devenu siège d’Unilever. Pour Marnix, inauguré en 1964, Bunshaft dessine un bâtiment horizontal, de onze niveaux, dont deux en sous-sol, avec une esplanade en travertin (la roche calcaire utilisée pour le Colisée et la Basilique Saint-Pierre, à Rome), les fenêtres du rez-de-chaussée qui sortent des piliers, celles des étages qui sont renfoncées et un penthouse de verre au sommet et en guise de couronne – qui sera l’appartement de Léon Lambert jusqu’à sa mort, en 1987. C’est cet édifice qui est toujours le centre du H que forme le siège rénové d’ING Belgique, 61 ans plus tard, les deux ailes ayant été rajoutées en 1993.

 

Deux ans plus tard, c’était le début du remplacement de 1 286 châssis par de nouveaux, avec triple vitrage. À partir de 2022, au sortir de la crise sanitaire, les trois entités étaient désossées et mises à niveau en termes de matériaux, de performances énergétiques, de techniques, de bien-être, d’ergonomie… On y a créé des puits de lumière naturelle et de nouvelles entrées, fusionné le sous-sol avec le rez-de-chaussée, aménagé les abords et les parkings, imaginé un jardin de sculptures (rue du Trône), traité le béton externe… Le chantier a mobilisé jusqu’à 250 ouvriers par jour et une soixantaine de sociétés différentes. Pendant plus de trois ans. « Alors que le siège – celui d’une banque systémique au niveau belge – a toujours été occupé en partie, notamment par les membres de board et environ un millier de collaborateurs et collaboratrices, avec une salle des marchés, une salle des coffres, une agence, un locataire (GBL)… », sourit Mathieu Dumont.

© ING/DR

Les plus hautes certifications et le retour de la collection

Place donc désormais à un Marnix relifté de pied en cap mais qui a gardé ses façades iconiques, anguleuses, de béton et de verre. Le nouveau siège a obtenu ou est en passe de décrocher les certifications internationales les plus hautes (BREEAM Outstanding et WELL Platinum). « Il se veut résiliant, conforme au modèle climatique à l’horizon 2050 et réduira, fin 2026, ses émissions de CO2 de 76 % par rapport à 2019, les 24 % restants étant compensés par l’achat de certificats. » Il récupère aussi la collection d’art d’ING, mise à l’abri durant les travaux, forte aujourd’hui d’environ 2 500 œuvres du milieu du XXe siècle à nos jours et dont certaines ont appartenu au Baron Léon Lambert, l’ancien patron de la Banque Lambert et à l’initiative, avec sa mère, de la construction de Marnix, il y a plus de soixante ans.

© ING/DR

La collection est disséminée dans tout le bâtiment, deux étages étant accessibles au public pour lui permettre de la découvrir et l’admirer au moins en partie. En outre, l’une des ailes de l’édifice abrite The Marnix Gallery, qui accueille désormais les expositions temporaires d’ING. Autant de réalités qui font dire à Anne Petre, curatrice en chef de la collection : « Marnix fait face au Palais royal et est ancré à proximité du Mont des Arts, des institutions européennes et du quartier Matongé : il incarne donc toute la diversité socio-économique et culturelle de Bruxelles. Et sa rénovation réaffirme l’intégration, omniprésente, de l’art au sein de l’environnement de travail : dans les salles de réunion, les couloirs, les bureaux, les espaces ouverts, jusqu’aux recoins les plus inattendus. Ce qui rejoint l’ambition de Léon Lambert, lorsqu’il confia à Gordon Bunshaft la conception de Marnix : qu’il ne soit pas seulement un espace de travail mais aussi une banque-musée. »

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