Chaque mois, Forbes.be vous propose une sélection d’expositions à découvrir dans les musées et galeries d’art en Belgique. De Bruxelles à Anvers, de Liège à Gand, la scène artistique belge continue de surprendre par sa richesse et sa diversité. Pour ce mois d’octobre, focus sur trois propositions singulières : une plongée historique dans l’abstraction belge d’après-guerre chez Constantin Chariot, un jeu subtil entre illusion et mémoire dans les natures mortes de Paul Rouphail chez Stems, et l’univers en perpétuel mouvement de Matthieu Ronsse à la galerie Templon.
Le Silence des Formes chez Constantin Chariot

Dans un registre historique, Constantin Chariot poursuit son exploration inlassable de l’abstraction belge des années 1945 – 1980, avec Le Silence des Formes – Abstraction et intimisme belges. Les violences de la guerre suscitent, dans les arts plastiques, un rejet de la figuration, que l’Américain Mark Rothko décrit ainsi : « Quiconque l’employait, la mutilait. Je refuse de mutiler et j’ai dû trouver une autre voix pour m’exprimer. » Accompagnant le mouvement de la Jeune Peinture Belge, fondée en 1945, une jeune génération d’artistes, traumatisée par la Shoah, recherche d’autres « figurations » traduisant les peurs, les traumas, les tabous, mais aussi la volonté de liberté, de couleur et de mouvement. Ces artistes (Willy Anthoons, Pol Bury, Jo Delahaut, Christian Dotremont, René Guiette, Walter Leblanc, Englebert Van Anderlecht, Serge Vandercam, Gisèle Van Lange, Louis Van Lint, etc.), créateurs formels hors de l’académisme figuratif, traduisent leurs sensibilités en réinventant leur monde, dans une société en voie d’américanisation et de consumérisme
Fin le 30/11/2025
www.espaceconstantinchariot.com
Juin, juillet et août, par Paul Rouphail

Paul Rouphail explore la tradition de la nature morte, dont il sape subtilement le réalisme en y semant des détails perturbant la logique visuelle. Ses scènes mélangent les genres, ceux de la peinture paysagère européenne du XVIIe siècle et américaine du XXe siècle (on songe à Edward Hopper), qu’il parsème de signes mentaux et politiques. Tirés de la vie, de la mémoire et de l’histoire de la peinture, ses objets quotidiens se combinent dans un mélange atmosphérique de lumière vive et de dispositifs de superposition visuelle. Il emprunte au minimalisme l’utilisation récurrente des dates du calendrier, renvoi au passage du temps. Les murs et les fenêtres se découpent dans un espace pictural profond, mais ces sujets séduisants, presque décoratifs, sont pris dans la gangue de cadrages inquiétants.
Fin le 02/11/2025
www.stemsgallery.com
Matthieu Ronse chez Templon
Dans une veine similaire, le peintre belge Matthieu Ronsse mêle abstraction et figuration, références classiques et gestes contemporains. Cette exposition réunit une vingtaine de peintures autour d’un titre Hotel Prado, hôtel de son voisinage d’Ostende, où il vit et travaille. Ce sont des fragments éphémères de son univers intime. Ses silhouettes fantomatiques, lambeaux de souvenirs et empreintes gestuelles s’entremêlent en un processus de mouvement perpétuel, un art qui se refuse à la fixité. Il y glisse des références éclectiques aux américains Paul Thek et David Hammons, au colombien Oscar Murillo.
Fin le 31/10/2025
www.templon.com