Le secteur financier est connu pour être un bastion traditionnellement dominé par les hommes, où le plafond de verre cède lentement, mais ne rompt pas. Malgré l’attention croissante portée à la diversité, la promotion des femmes au sommet de la hiérarchie reste difficile.
Female x Finance (FxF), cofondée par Mélanie Bosboom, a pour mission d’attirer et d’encadrer les jeunes talents féminins dans le secteur financier. Sa mission est claire : « Nous voulons devenir le partenaire privilégié des femmes talentueuses qui souhaitent travailler dans le secteur financier. Non seulement aux Pays-Bas, mais aussi au niveau international », explique Mélanie Bosboom. À travers le networking, les formations et le coaching personnel, FxF aide les femmes âgées de 20 à 28 ans à trouver leur voie dans un secteur souvent perçu comme inaccessible.
Cette approche fait ses preuves. Aux Pays-Bas, grâce à des initiatives comme FxF, la part des start-ups féminines dans la finance est passée de 17 à 20 % en trois ans et demi. Mélanie Bosboom souligne l’importance d’une démarche accessible et personnelle : « Le secteur est dominé par des hommes âgés en costume. Ce n’est pas très attirant pour les jeunes femmes. Elles recherchent un secteur auquel elles puissent s’identifier. »
Chiffres et changement culturel
En Belgique, Women in Finance joue un rôle central dans la promotion de la diversité des genres au sein du secteur. Depuis sa création en 2019, près de 90 % des institutions financières belges y ont adhéré. Les chiffres font état d’un bilan mitigé : les femmes constituent la majorité de la main-d’œuvre totale avec 52,9 %, et la représentation frôle également l’égalité dans le management intermédiaire (46,5 %). Toutefois, les hommes continuent de dominer à l’échelon des cadres supérieurs (33,2 %) et des comités exécutifs (25,7 %).
« Les véritables progrès en matière de diversité et d’inclusion de genre vont au-delà des chiffres ou des quotas. Il s’agit d’instaurer une culture d’entreprise inclusive »
Néanmoins, il y a des évolutions positives. Ainsi, la proportion de femmes dans le management senior est passée de 28,9 % en 2020 à 33,2 % en 2023. Claire Godding, coprésidente de Women in Finance, précise dans le rapport annuel de l’organisation : « Nos résultats indiquent que les véritables progrès en matière de diversité et d’inclusion de genre vont au-delà des chiffres ou des quotas. Il s’agit d’instaurer une culture d’entreprise inclusive. Les sociétés doivent investir délibérément dans une culture où davantage de femmes sont non seulement prêtes à assumer des rôles de direction, mais se sentent aussi bien dans leur peau. »
Les causes de l’écart
Les causes de la sous-représentation des femmes au sommet de la hiérarchie sont diverses. Mélanie Bosboom et Women in Finance soulignent l’importance du travail en réseau. Les nouveaux collègues arrivent souvent par le biais du réseau personnel de ceux qui travaillent déjà dans l’entreprise. Ce « old boys network » exclut souvent (involontairement) les femmes. Les obstacles pratiques jouent également un rôle, tels que les frais de garde d’enfants élevés et l’absence d’une culture du travail flexible. Mélanie Bosboom : « Dans des pays comme la France, où ces dispositions sont mieux réglementées, les femmes sont plus nombreuses à rester actives et à grimper les échelons vers le sommet. Le manque de modèles féminins et de transparence dans les procédures de candidature entrave également la progression. »
Des quotas au changement de culture
« Les quotas sont utiles comme mesure temporaire, mais un changement de culture est nécessaire si on veut vraiment résoudre le problème », affirme Mélanie Bosboom. Pour progresser durablement, il faut une culture inclusive qui attire, retient et évalue équitablement les divers talents. Les entreprises devraient investir activement dans l’image de marque de l’employeur, le mentorat et l’élargissement de leurs canaux de recrutement. Pour les jeunes femmes dans la finance, le travail en réseau est décisif.
« Il faut un changement de culture si on veut vraiment résoudre le problème »
Les entreprises doivent élargir le réseau traditionnel et se montrer proactives. Comme le souligne Mélanie Bosboom, « les talents féminins sont présents et ambitieux, mais les entreprises doivent les rechercher plus activement et créer une culture inclusive pour les attirer et les retenir. »
Inge Ampe (BankB, ex-CKV)
Inge Ampe est CEO de BankB (anciennement CKV) depuis décembre 2023 et poursuit une trajectoire de croissance ambitieuse en mettant l’accent sur une approche personnalisée et des solutions de crédit innovantes. Elle entend positionner BankB en tant que deuxième ou troisième banque pour les épargnants et les emprunteurs.
Nadia Bervaes (Vendis)
Nadia Bervaes est directrice financière de la société d’investissement Vendis, l’un des 20 premiers fonds d’investissement au monde, qui se concentre sur les PME. Elle a commencé sa carrière chez Dun & Bradstreet Corporation,
à New York, en tant qu’associée en gestion financière.