La Stockholm Art Week associe des institutions aussi diverses que la Stockholm School of Economics et le Spritmuseum, temple des alcools suédois.
En 2011, à la tête de son agence Part Projects, Joanna Sundström a fondé Stockholm Art Week (SAW). Elle connaît les lieux d’art de sa ville mieux que le dos de sa main : « À Djurgården, équilibre de culture, art et nature, vous trouvez le Liljevachs, Thielska Galleriet, le Princess Estelle Sculpture Park et le Spritmuseum. Ce musée des alcools et des traditions suédoise, voisin du célèbre Vasa, épave de vaisseau de haut-bord entièrement restaurée, abrite les 800 œuvres de la collection Absolut (la marque de vodka). Une exposition Warhol, The Money on the Wall, y présente le Business Art, le stade supérieur de l’art selon le sorcier du pop art américain. À propos de la vodka Absolut, Warhol confiait : « J’adore cette bouteille, j’ai envie d’en faire quelque chose ». Deux ans avant sa mort, ce fut Absolut Warhol, en 1985, œuvre qui fut à l’origine de la collection Absolut, soulignent Mia Sundberg, directrice artistique, et Blake Gopnik, curateur.
Vers le centre, le quartier d’Östermalm foisonne de galeries de haut vol : Saskia Neuman, la suédo-parisienne Andréhn-Schiptjenko, Nordenhake… » Björn Wetterling, l’aîné de tous, expose son ami Ed Ruscha (Figure It), après Rosenquist, Stella, Wesselmann, Rauschenberg (« Il était compliqué : en Floride, il me servait de l’Absolut au petit-déj’ ».) Il expose aussi la Criméenne Natalia Edenmont (Out of Body). Ses photos de nus et d’œufs le subjuguent : « pour obtenir cette couleur, elle les bout dans l’urine, les brise entre ses doigts, les emporte à Carrare et les sculpte dans le marbre ». Autre aînée, Nordenhake, fondée en 1976, est aussi à Berlin et Mexico.
Leçon d’économie
Une fois par an, Stockholm Art Week met en lumière un réseau d’institutions. Ainsi, la Stockholm School of Economics qui dédie huit de ses salles de classe à des artistes, notamment Clout, de Jens Fänge, une clarinette à l’embouchure bloquée par une pipe magrittienne, parabole du chercheur en économie, qui « débouche » la réalité. Sur le même registre, une autre salle expose White Noise, pièce du Belge Emmanuel van der Auwera : un dispositif de lentille optique « lit » un écran blanc et révèle la réalité qu’il recèle. Le directeur de l’école, Lars Strannegård, conseillé par Joanna Sundström, n’est pas peu fier d’inaugurer l’installation permanente des œuvres de Jan Håfström, « grand-père » de l’art contemporain suédois, quatre fois exposé à la Biennale de Venise.
Cette année, Market Art Fair (MAF), foire-boutique créée en 2006 par des galeries de Finlande, Islande, Norvège, Danemark et Suède, à l’épicentre de la Stockholm Art Week, investit les deux ailes, ancienne et moderne, du musée historique de Liljevachs. Sara Berner Bengtsson, directrice de la MAF, complète la leçon d’économie entamée par Andy Warhol : « Nous sommes locaux et internationaux, avec 51 participantes, à 60% scandinaves, modestes comparées à Art Basel, mais certaines vendent mieux ici qu’à Bâle…. ».
Stockholm Art Week est étroitement lié à la Belgique à travers le réseau Spider, qui fédère les Art Week d’Europe, notamment celles de Bruxelles, fondée par les galeristes Laure Decock et Evelyn Simons, et d’Anvers, animée par Frederick Keteleer (galerie Keteleer) et Bart van den Biese (galerie Base-Alpha).