Le « Vehicle as a Service » (Véhicule en tant que Service – VaaS) s’invite progressivement dans le paysage automobile. Loin de remplacer déjà l’achat ou le leasing classique, ce modèle repose sur l’idée que l’usage de la voiture pourrait à terme primer sur sa propriété. Abonnements flexibles, formules tout compris, autopartage ou intégration dans des offres de mobilité : autant de pistes qui dessinent une évolution encore balbutiante, mais riche de promesses. Cette série d’articles propose de décrypter ces nouvelles approches, leurs enjeux économiques et sociétaux, et les perspectives qu’elles ouvrent pour les conducteurs comme pour les entreprises. Commençons par une esquisse du concept et de certains de ses impacts.
Le Vehicle as a Service (VaaS) repose sur un principe simple : permettre l’accès à une voiture pour une durée déterminée, sans passer par l’achat. Ce modèle incarne une évolution vers l’usage plutôt que la possession, en phase avec les attentes de consommateurs (surtout parmi les jeunes générations) qui privilégient déjà d’autres formes de mobilité. On le voit notamment avec la multiplication de services de voitures partagées comme Cambio, Poppy, etc.
« Face à ces évolutions, les constructeurs automobiles intègrent progressivement le VaaS dans leur stratégie. Avec, à la clé, un accent accru sur la durabilité, le cycle de vie des véhicules, la réutilisation des composants et l’exploitation de données intelligentes pour optimiser la gestion des flottes », précisent les experts de chez JATO, fournisseurs de données et d’analyses au secteur automobile.
Des formules flexibles et variées
Contrairement au leasing classique, le VaaS se distingue par sa flexibilité. Plusieurs options existent :
- l’autopartage, via une location horaire ou journalière
- les abonnements automobiles, avec un engagement mensuel ajustable
- la location à la demande, pour un usage ponctuel, sans contrainte de long terme.
« Ces solutions redéfinissent le rapport à l’automobile en allégeant la contrainte financière liée à l’achat et en diversifiant les possibilités d’accès », ajoute-t-on chez JATO.
Un cycle de vie repensé
Traditionnellement, une voiture appartenait à un seul propriétaire avant d’être revendue après quelques années. Avec le VaaS, l’usage se partage entre plusieurs conducteurs successifs, ce qui optimise son taux d’utilisation et sa rentabilité. Les analystes de JATO le soulignent : « Cela oblige les constructeurs à revoir leur approche, en privilégiant : une conception plus robuste pour résister à des usages intensifs, la standardisation des pièces pour en faciliter le remplacement, l’intégration de matériaux recyclés afin de réduire l’empreinte carbone. Le reconditionnement devient ainsi un levier majeur ».
Renault, avec son programme Renew, illustre cette tendance qui consiste à prolonger la durée de vie des véhicules par plusieurs cycles d’utilisation. « Le développement des voitures électriques renforce encore cette logique, avec le besoin de recycler ou réparer les batteries et d’imaginer des solutions d’échange pour améliorer la rentabilité ».
Une demande qui évolue
Les comportements des automobilistes traduisent cette transition. Selon une étude menée par JATO en 2023 :
- un tiers des 18-34 ans et un quart des 35-54 ans envisagent un abonnement automobile plutôt qu’un achat
- chez les plus de 55 ans, l’attachement à la propriété reste fort, mais un intérêt pour les alternatives émerge.

« Cette dynamique témoigne d’une recherche accrue de flexibilité et de simplicité, loin des contraintes d’entretien, de financement ou de dépréciation liées à l’achat », ajoute-t-on encore chez JATO.
Vers un modèle complémentaire à la possession
Les analystes rassurent : « Le VaaS ne signe pas pour autant la fin de la propriété automobile. Beaucoup de conducteurs continuent à privilégier l’achat pour des raisons de liberté et de sécurité. Mais il s’impose comme une solution complémentaire, adaptée aux besoins de mobilité flexible et aux enjeux de durabilité ».
Pour les constructeurs, l’enjeu est clair : intégrer ces nouveaux modèles d’usage, fidéliser les clients grâce à des services innovants et bâtir une offre qui conjugue possession et accès à la demande. À terme, l’équilibre entre ces deux approches pourrait dessiner le futur de l’automobile : une mobilité plus responsable, plus connectée et davantage centrée sur l’utilisateur.
