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Albert Baronian : le pionnier

Pilier du monde de l’art belge depuis les années 1970, Albert Baronian a été pionnier de nombreux courants.

Albert Baronian ouvre sa galerie à Bruxelles en 1973. Dès les années 1970, il est le premier à exposer l’Arte Povera et le mouvement Supports/Surfaces en Belgique. Il est le premier à exposer en Belgique des artistes comme l’Italien Gilberto Zorio, Lionel Estève, Michel Frère. « Moi, j’aime tout, je suis éclectique, avoue-t-il. À mes débuts, loin du figuratif, je m’en tenais à la peinture analytique, à Supports-surface. Dans les années 1980, une lassitude du minimalisme me mène à Berlin, où je découvre les Neue Wilde, ou Junge Wilde. C’était une peinture figurative, néo-expressionniste, avec une prédominance de la couleur, ce que j’ai toujours aimé. En art, il n’y a pas de progrès : les thèmes, les sujets sont limités : portrait, nature morte, paysage… Ce qui m’intéresse, c’est qu’un artiste puise de la nouveauté dans ces sujets. » Parallèlement, devenu président de l’Association des galeries de Belgique, il a porté la Brussels Art Fair, devenue Art Brussels.

Baron ou Baronian ?

En 1982, il ouvre à Gand un espace avec Yvon Lambert, marchand français historique, dirigé par Chris Dercon (nouveau directeur en 2025 de la Fondation Cartier à Paris, Ndlr). « Cela nous a valu une procédure judiciaire presque cocasse. Nous avons reçu une lettre de l’avocat du baron Lambert, de la banque Lambert (rachetée depuis lors par ING, ndlr). Il pensait que nous avions créé une galerie fictive usurpant le nom du baron. La source de la méprise était le dernier journal francophone de Flandre, Le Courrier de Gand, qui avait commis une coquille, en annonçant une exposition « chez le Baron Lambert ». Depuis lors, mes amis ironisent : « Tu n’es pas baron, tu es Baronian » ».

Cette même année 1982, il reçoit la visite d’un apprenti collectionneur de 16 ans, qui vient lui acheter sa toute première œuvre à Knokke, un tableau de Walter Swennen (récemment disparu, ndlr). Le jeune homme doit téléphoner à sa mère pour qu’elle vienne payer l’œuvre. Il s’appelait… Xavier Hufkens.

À cette époque, et jusqu’à l’aube des années 2000, « l’art n’était pas encore un business. Marchands, galeristes et collectionneurs participaient surtout d’une aventure intellectuelle. Le cofondateur de l’Association des Galeries d’Art Actuel de Belgique, Ivan Lechien (galerie Cogeime) me confiait : « Dans les années 1960, une belle œuvre se payait le prix d’une belle paire de chaussures. » Aujourd’hui, c’est plutôt le prix d’une voiture ! »

Face à l’envol spéculatif de ce qui deviendra un véritable marché de l’art à partir des années 2000, Albert Baronian, né sous le signe du Poisson, va s’adapter…

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