À seulement 30 ans, Angel Fievez incarne cette génération d’entrepreneurs belges capables de transformer une intuition en un modèle d’affaires disruptif. Son projet, Turismo, souvent présenté comme « l’Airbnb de l’automobile », bouscule les codes d’un marché resté longtemps figé dans ses habitudes. Avec des voitures souvent hors du commun aussi !
Forbes.be – Vous présentez Turismo comme l’Airbnb de l’automobile…Angel Fievez – Je trouve que ça résume assez bien l’idée. On digitalise un marché très physique. Avec Turismo, l’accès à l’automobile devient simple, flexible et entièrement digital. Vous n’êtes plus obligé d’être propriétaire, vous choisissez le véhicule selon vos besoins et vous pouvez changer quand vous voulez.
– Quel en est donc le principe ?
– Nous proposons deux formules principales : Turismo Multi, qui permet de « switcher » de véhicule selon les saisons ou les envies, et Turismo Single, un abonnement plus classique allant de 6 à 60 mois, avec livraison à domicile. Assurance, entretiens, pneus, taxes et surtout dépréciation du véhicule sont inclus dans un prix unique et transparent.

– Sauf qu’on ne parle pas vraiment de voitures ordinaires…
– Ce sont des Porsche 911, Lamborghini Huracan, McLaren 600LT ou encore Aventador SVJ. Par exemple.
– Vous descendez un peu en gamme maintenant ?
– Oui, on a introduit des modèles plus accessibles, tout en restant dans le premium. Par exemple, on a des Mercedes-Benz GLC, GLE… Ce sont des voitures de haute catégorie, plus accessibles qu’une Porsche Macan, mais toujours premium. L’idée est d’élargir notre offre et de rester fidèle à notre concept : flexibilité, simplicité et digitalisation.
– Comment vous est venue l’idée de créer Turismo ?
– Tout part de mon parcours. Après le secondaire, j’ai commencé quelques mois d’études en ingénierie gestion commerciale, puis j’ai arrêté. J’ai travaillé comme ouvrier. Ensuite, j’ai été stagiaire dans une société immobilière que j’ai fini par racheter alors qu’elle ne se portait pas bien. J’avais 20 ans. J’ai revendu une partie des actions six mois plus tard, puis le reste. Ces expériences m’ont appris énormément sur la gestion d’entreprise et m’ont donné confiance pour entreprendre.

– Pendant votre activité immobilière, une rencontre va tout changer.
– C’est là que tout a vraiment pris sens. Un client liégeois avait un cabriolet pour l’été et un autre véhicule pour l’hiver. Il se plaignait du fait que ses voitures dormaient dans son garage la moitié de l’année. Il avait besoin d’un véhicule spécifique pour certaines situations. Je me suis dit : pourquoi ne pas créer une solution qui permette de louer une voiture selon ses besoins réels, sans avoir à tout posséder ? En 2015, le marché était vieux, très daté. Il n’y avait rien de digital. Cette rencontre a été le déclic. Mais ce n’est pourtant qu’en 2022 qu’a été créé officiellement Turismo.
– Étiez-vous déjà passionné d’automobile ?
– Oui, depuis toujours. Les lignes, le bruit, la mécanique… Mais ce qui a transformé ma passion en projet entrepreneurial, c’est ce besoin concret.
– Quelle est la valorisation actuelle de Turismo et la taille de votre flotte ?
– Fin 2024, l’entreprise était valorisée à 31 millions d’euros. Nous avons environ 170 voitures sur quatre marchés : Belgique, Luxembourg, France et Suisse. La flotte croît de 20 véhicules par mois.
– Votre présence massive sur les réseaux sociaux n’est pas pour rien dans cette croissance, si ?
– Il est vrai que nous cumulons près de 500.000 abonnés. Au départ, nous ne postions que des vidéos de voitures, mais on a compris que raconter notre histoire engageait beaucoup plus de monde. Cette communauté nous a même aidés pour notre levée de fonds. Je ne me considère pas pour autant comme un influenceur, mais plutôt comme un entrepreneur connu.
@angel.fievez #angelfievez #turismo #porsche #macan #cayenne ♬ son original – Angel Fievez
– Comment gérez-vous les cycles de vie et la dépréciation des véhicules ?
– Beaucoup de gens ne connaissent pas le coût réel de leur voiture. L’assurance, l’entretien, ça va, mais la dépréciation est invisible. Nous avons deux cycles de vie : le premier pour les véhicules quasi neufs, et le second pour ceux qui ont déjà roulé un peu. Cela permet de réduire le tarif pour les clients et de rester transparent sur la valeur réelle. Les clients savent exactement ce que coûte chaque véhicule.
– Pourquoi n’êtes-vous pas très présent sur le marché fleet ?
– La plupart de nos clients sont des dirigeants d’entreprises. Mais pour leur flotte, ils veulent réduire le coût moyen par véhicule. Soyons clair : on reçoit des demandes fleet, mais le sur-mesure, c’est old school. Nous voulons que tout soit digital, scalable et fonctionnel. Standardisé, quoi. On commence cependant avec un client allemand pour 200 véhicules, ça va être notre première expérimentation fleet. On verra bien.
– Quelles sont vos ambitions pour Turismo ?
– Mon objectif est simple : toutes les voitures du monde disponibles partout sur un seul site, simple et flexible. Chaque étape compte : doubler la flotte, améliorer la technologie, développer l’offre fleet progressivement. Et surtout, rester transparent et compréhensible pour les clients.
