C’est un tournant stratégique pour Stellantis. Le groupe automobile né de la
fusion entre PSA et Fiat Chrysler annonce aujourd’hui la nomination d’Antonio
Filosa au poste de CEO, marquant ainsi la fin d’un processus de sélection
rigoureux piloté par le Conseil d’administration. À 52 ans, ce vétéran de
l’industrie automobile, fort de 25 ans d’expérience au sein du groupe, prendra
officiellement ses fonctions le 23 juin 2025. Une nomination déterminante pour un groupe dont les résultats en Belgique ont récemment été qualifié par la direction de « honteux ».
Actuellement COO pour les Amériques et Directeur de la qualité, Antonio Filosa a
été désigné à l’unanimité par le Conseil d’administration, au terme d’une évaluation
approfondie de candidats internes et externes menée par un comité présidé par
John Elkann, Président exécutif de Stellantis.
Cette nomination vise à assurer une transition fluide dans un contexte où l’industrie
automobile traverse une période de mutation sans précédent : électrification,
digitalisation, pression réglementaire et réorganisation industrielle. Filosa, qui a déjà
piloté la transformation de Stellantis en Amérique latine et en Amérique du Nord,
incarne une continuité stratégique alliée à une fine compréhension des enjeux
locaux et globaux.
Un leadership façonné sur deux continents
Sous sa direction, Fiat est redevenue numéro 1 en Amérique du Sud, tandis que les
marques Jeep, Peugeot, Citroën et Ram ont connu une forte progression. Il est
notamment à l’origine de la construction de l’usine de Pernambuco, devenue un
centre stratégique pour le groupe. En tant que CEO de Jeep, Antonio Filosa a amplifié la
présence internationale de la marque, notamment en Europe, où la Jeep Avenger
continue de dominer les ventes.
Nommé COO pour les Amériques en décembre 2024, il a déjà laissé son empreinte
en rationalisant les stocks, réorganisant les équipes dirigeantes, et en renforçant les
relations avec les concessionnaires et fournisseurs, tout en pilotant le lancement de
nouveaux modèles et groupes motopropulseurs.
Une reconnaissance unanime
« Son leadership est fort, efficace et ancré dans la réalité des marchés », a déclaré
John Elkann, qui conservera son poste de Président exécutif. « Durant les six
derniers mois, Antonio a prouvé qu’il possédait toutes les qualités nécessaires pour
diriger Stellantis à un moment critique de son évolution. »
Le soutien est également venu de Robert Peugeot, Vice-Président de Stellantis, et
de Nicolas Dufourcq, CEO de Bpifrance, actionnaire de référence du groupe. Tous
saluent un dirigeant expérimenté, pragmatique et visionnaire, capable de guider
Stellantis dans une industrie en pleine reconfiguration.
Cap sur l’excellence opérationnelle
Dans son premier message en tant que CEO désigné, Antonia Filosa a insisté sur
l’importance du capital humain : « J’ai toujours été inspiré par le talent, la passion et
l’engagement de nos équipes. C’est ensemble que nous continuerons à écrire
l’histoire d’un groupe riche de marques iconiques et d’un siècle d’innovation. »
Dès sa prise de fonction, il dévoilera la nouvelle équipe de direction, censée incarner
la prochaine phase de croissance du groupe, à la fois plus agile, durable et centrée
sur le client.
Un nouveau chapitre pour Stellantis, aussi en Belgique
Avec cette nomination, Stellantis mise sur la continuité éclairée : un dirigeant formé
à l’intérieur du groupe, qui combine maîtrise des rouages industriels, leadership
interculturel et volonté de transformation.
Cette volonté de transformation et d’excellence opérationnelle trouve un écho en
Belgique, où Stellantis Belux entame également une phase de reconquête du
marché. Laurent Barria, Managing Director de Stellantis Belux, l’a récemment
reconnu : « Stellantis a terminé l’année 2024 avec une part de marché de 13,5%.
Soyons clairs : elle aurait dû être à plus de 20%. Nos résultats ont donc été
littéralement honteux, à cause de problèmes rencontrés lors du changement de
modèle de distribution sur notre marché ».
Le marché belge fut en effet pilote pour le groupe Stellantis, qui a voulu opérer un
changement structurel en adoptant le modèle d’agence à la place du modèle
traditionnel de concession. « Désormais, le prix d’un véhicule est fixe, non-
négociable et identique dans tout le pays, garantissant au client le meilleur prix dès
le départ, sans devoir négocier », explique Laurent Barria.
Le directeur du marché belgo-luxembourgeois poursuit : « Cette transformation a
entraîné d’importants défis logistiques et informatiques, notamment parce que le
constructeur facture désormais directement le client et gère lui-même les stocks.
L’ajustement au nouveau système et à une philosophie de prix nets a été complexe,
provoquant une perte de parts de marché significative ».
À cela sont venus s’ajouter de très gros problèmes sur le moteur essence PureTech
pour lequel le constructeur a d’ailleurs créé très récemment une plateforme
d’indemnisation des clients européens.
« Une politique de prix agressive »
Mais aujourd’hui, Stellantis Belux se montre enthousiaste. « Les ventes sont
reparties à la hausse depuis septembre dernier », déclare Laurent Barria, satisfait.
Cet enthousiasme commence à se refléter dans les immatriculations ces dernières
semaines. « Nous menons une politique de prix agressive, destinée à rendre les
bons résultats des premiers mois de cette année encore meilleurs », a confirmé
Laurent Delmotte, responsable des ventes aux entreprises chez Stellantis Belux.
« Dans le segment des véhicules utilitaires légers (où Opel, Citroën, Peugeot et Fiat
représentent le groupe, ndlr), Stellantis est numéro un, avec une croissance de 35%.
Sur les quatre premiers mois de l’année, le groupe a vendu environ 4.000 véhicules
de plus en fleet (voitures particulières et utilitaires légers) par rapport à la même
période l’an dernier. »
Ce redressement local reflète la dynamique globale insufflée par le groupe, avec une
ambition claire : remettre Stellantis au cœur de la compétitivité européenne, en
s’appuyant sur des équipes locales redynamisées et des stratégies de marque plus
percutantes.
