Pour de nombreux entrepreneurs, un bar éphémère d’été ressemble à un rêve sur le papier, mais en pratique, c’est un équilibre risqué. Chaque année, tout recommence à zéro, souvent littéralement : un parking pavé nu sans eau, électricité ni toilettes. Les coûts augmentent, la météo est imprévisible, et la rentabilité est mise à l’épreuve. Pourtant, Sommar à Anvers a réussi à construire une marque forte et durable sur cette base fragile. Et ce depuis dix ans déjà.
« Nos attentes quand nous avons commencé ? Nul« , affirment sans hésiter les fondateurs de Sommar. « Nous avions surtout envie de créer quelque chose d’unique à Anvers avec des personnes partageant les mêmes idées. Le résultat final n’était pas si important pour nous au départ. » Lors de sa première édition, Sommar était encore une bar à cocktails intégré dans Bocadero, un bar d’été plus grand. Le capital de départ initial s’élevait à 18 000 euros, collectés grâce à des partenaires et fournisseurs. Les premiers coûts fixes ont été couverts par Bocadero. « Nous avons reversé un pourcentage de notre chiffre d’affaires. Sans cette structure de démarrage, nous n’aurions pas pu le faire. Et cela a permis à notre créativité de s’exprimer librement. Nous avons immédiatement adopté un style visuel distinct, un logo audacieux, des vêtements personnalisés, une sélection de DJ originale, des amuse-gueules et des cocktails uniques. Nous avons senti que nous avions quelque chose entre les mains et l’année suivante, nous avons continué de manière indépendante. »
Entreprendre avec -100.000 euros
Ce succès n’est pas venu naturellement. « Le succès d’un bar éphémère dépend de facteurs hors de votre contrôle : permis, environnement, travaux publics, et bien sûr, la météo. Le succès d’un bar d’été repose sur du beau temps. Chaque année, vous partez réellement de zéro : un parking nu sans électricité, eau, toilettes, mobilier. Sans parler d’une cuisine ou d’un bar. Tout doit être construit et remboursé en quelques mois. » Le cofondateur Jim Cantens explique : « En réalité, chaque année, c’est comme si vous commenciez avec un déficit théorique de 100 000 euros. Les coûts comme le personnel, la construction et les permis continuent d’être engagés, même hors saison. Et il y a eu des éditions qui n’étaient pas rentables. »
Nouvelle localisation
C’est pourquoi la dixième édition est un tournant symbolique et structurel : pour la première fois, Sommar dispose d’un lieu couvert. Le déménagement vers le bâtiment d’angle de Hangar 26/27 apporte plus de certitude, de continuité et moins de dépendance aux conditions météorologiques. Le cofondateur Jan Van Leuffel renchérit : « Nous sommes très heureux de pouvoir enfin écrire une histoire durable. C’est un endroit où nous pouvons vraiment bâtir à long terme. » Avec ce nouvel espace fixe, ils peuvent continuer à expérimenter. « Nous sommes toujours au Rijnkaai, mais nous avons maintenant un grand espace intérieur. Nous y hébergeons le restaurant FOUR, une collaboration avec les chefs Thomas Snijders et Kenneth Weltens. La nouvelle localisation nous offre plus de sécurité et de tranquillité d’esprit. Sur le parking, nous devions vraiment tout construire à partir de zéro, et nous étions super dépendants du temps. Maintenant, même sous la pluie, nous pouvons continuer comme d’habitude. »
Communauté avant tout
« La construction de notre communauté a toujours été essentielle pour nous », raconte Jan. « C’est pourquoi nos réseaux sociaux s’appellent @peopleofsommar. Nous voulons continuer à stimuler ces personnes : avec des chefs invités, des événements originaux, des cocktails créatifs… Anvers est une ville sensible aux modes. Les idées y naissent rapidement, mais disparaissent tout aussi vite. Vous devez donc constamment vous renouveler et offrir de la qualité. »
Collaboration avec la Shrimp Tempura Group
L’atmosphère peut être devenue plus mature, mais l’âme reste. « Là où dans les premières années nous nous concentrions plus sur les fêtes, nous mettons maintenant l’accent sur l’hospitalité et la gastronomie. Vous pouvez passer une soirée complète chez nous : apéritif sur la terrasse, dîner chez Four, et finir sur la piste de danse. Oui, nous avons mûri, mais l’ambiance Sommar est restée. »
Dans le passé, Sommar a collaboré avec The Jane de Nick Bril, Mesa de Tomorrowland, Jimmyz et même avec des chefs invités de Paris. Récemment, Sommar a commencé une collaboration avec le Shrimp Tempura Group, connue pour ses établissements comme Maven, Umami, et Danieli Il Divino. « Cette collaboration a apporté professionnalisme et sérénité. Nous profitons de leur département financier centralisé, de leur équipe marketing, de leur plateforme RH avec des outils pour la planification du personnel… Grâce à cela, nous pouvons nous concentrer sur ce qui compte vraiment pour le visiteur : l’expérience, l’ambiance, le service », explique Jan. « C’est d’ailleurs la plus grande leçon que nous avons apprise en dix ans d’entrepreneuriat : faire des erreurs fait partie du processus, mais si vous utilisez les compétences des gens, vous obtiendrez toujours le meilleur résultat. Même financièrement. » D’ailleurs, ce dernier se répartit comme tel : 70% du chiffre d’affaires provient des boissons, 30% de la nourriture. Les événements ne sont pas calculés séparément, mais font partie intégrante du concept.
À propos de l’avenir
Un lieu Sommar fixe qui resterait ouvert toute l’année n’est pas prévu pour l’instant. « Nous y avons pensé, mais Sommar sans l’Escaut ? Cela ne semble pas correct. Nous avons une histoire ici avec l’Eilandje. De plus, nous avons déjà Wintar, une contrepartie hivernale pour remplir ces mois avec les mêmes ambiances. »
