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Les leçons à tirer de l’aérospatial

Lorsque nous parlons à Nancy Vermeulen, son père, de qui elle a hérité son amour pour l’espace, vient de décéder. Pourtant, elle ne souhaite pas reporter l’interview et insiste pour nous parler. « C’est ce qu’il aurait voulu ».

Dans son livre Aerospace Attitudes (paru en néerlandais), l’ambassadrice de l’espace Nancy Vermeulen partage les enseignements tirés de son expérience dans le domaine de l’aéronautique et de l’espace, qui inspirent une meilleure communication, un meilleur leadership et un meilleur travail d’équipe au sein des entreprises.

Elle invite les lecteurs à devenir les pilotes de leur propre vie. Dans son livre, elle montre comment appliquer les leçons de l’aérospatial au développement personnel et professionnel. Pour Forbes, elle revient sur son parcours.

Nancy Vermeulen, d’où vient votre fascination pour l’espace ?

Ma fascination pour l’espace a débuté très jeune. J’ai grandi sous un ciel étoilé magnifique, près de la base aérienne de Kleine-Brogel où mon père travaillait comme technicien en communication. Ces étoiles représentaient pour moi un symbole de possibilités illimitées. Mon père a nourri cette fascination en partageant avec moi son intérêt pour la technologie et l’inconnu. Ces impressions précoces ont éveillé en moi le désir de ne pas seulement rêver mais aussi de prendre en main la direction de ma vie.

Comment cela a-t-il influencé votre parcours professionnel ?

Je rêvais souvent d’étoiles lointaines, j’avais souvent la tête dans les nuages. À dix-sept ans, j’ai rencontré Dirk Frimout, le premier astronaute belge, ce qui a été un tournant. Il m’a conseillé de développer à la fois une solide compréhension scientifique et une expérience opérationnelle. Cela m’a motivée à étudier la physique et l’astronomie et, finalement, à devenir pilote. Au départ, les études en physique et mathématiques semblaient un défi impossible, mais j’étais déterminée à le relever. Même si parfois on me disait que mes rêves étaient irréalisables, je ne pouvais accepter que mes ambitions soient hors de portée.

Votre parcours n’a pas toujours été facile. Vous avez fait face à des défis financiers, mais aussi à une épuisement physique et mental. Comment avez-vous surmonté cela ?

Les coûts de formation de pilote étaient astronomiques. Sans ressources financières personnelles, j’ai dû faire preuve de créativité, faire des sacrifices et chercher un soutien crucial comme un prêt garanti par mes parents. Une fois diplômée, je pensais que les plus gros problèmes étaient derrière moi. Cependant, la réalité m’a rattrapée : Sabena, la compagnie aérienne où tous les jeunes pilotes rêvent de travailler, m’a placée sur une liste d’attente. J’ai donc saisi l’opportunité chez DHL, une compagnie de transport de fret, ce qui s’est avérée une bénédiction lorsque Sabena a fait faillite. Cependant, les longues heures irrégulières ont eu raison de moi physiquement, me forçant à reconstruire ma vie dans un contexte mentalement très éprouvant. Après deux ans, j’ai réussi à retrouver ma licence médicale et à participer à la sélection de l’ESA, atteignant le top 400.

En 2011, vous avez rencontré Richard Branson, le fondateur de Virgin Galactic. Pourquoi cette rencontre était-elle importante ?

Je lui ai posé la question qui me taraudait : qu’est-ce qui le motivait à créer Virgin Galactic ? Sa réponse, « Nancy, ne le prends pas trop au sérieux, c’est un jeu de garçons », m’a surprise mais a semé une graine qui a lentement germé, menant finalement à la création de mon projet, la Space Training Academy.

J’ai fondé l’Académie pour préparer physiquement et mentalement les futurs astronautes à leur premier voyage dans l’espace, grâce à un programme unique développé avec le simulateur aérospatial Desdemona et l’Université de technologie de Delft. Nous voulons non seulement contribuer à la recherche scientifique, mais aussi démontrer les bénéfices de l’exploration spatiale au grand public .

Dans votre livre, vous écrivez que les pilotes et astronautes ne sont plus seulement choisis pour leurs compétences techniques et intellectuelles, mais aussi en fonction de leurs caractéristiques personnelles. Quelles sont les plus importantes ?

Il y a effectivement eu un changement dans le profil idéal des pilotes et astronautes. Là où le macho stoïque et émotionnellement insensible était la norme, on recherche maintenant des personnes avec une intelligence émotionnelle et une conscience de soi. Outre l’expertise technique, il est important qu’elles restent calmes sous pression, prennent leurs responsabilités, communiquent bien, puissent diriger leur équipe et osent admettre les erreurs. Le leadership, l’autoréflexion et la bonne attitude sont désormais aussi cruciaux que les compétences techniques.

Dans mon livre, je détaille ces attitudes à travers l’acronyme AEROSPACE : Adaptability, Emotional Intelligence, Risk Management, Ongoing Education, Safety Culture, Problem-solving Skills, Attention to Detail, Communication Skills et Ethical Leadership. Le livre invite les lecteurs à appliquer ces AEROSPACE ATTITUDES pour amener leur vie et leur carrière à de nouveaux sommets.

Nancy Vermeulen
Nancy Vermeulen

 

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