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Giants lance à Bruxelles son pari de devenir le plus grand club d’entrepreneurs d’Europe

Jean-Christophe Conticello, entrepreneur français installé en Belgique depuis 18 ans et ancien fondateur de Wemanity, vient de lancer Giants Society à Bruxelles. Cette communauté internationale d’entrepreneurs affiche une ambition sans précédent : rassembler un million de membres, accompagner 10.000 entreprises et faire émerger 100 « géants » d’ici 2050. Le lancement officiel d’il y a quelques jours a enregistré complet en moins de 12 heures.

Giants Society a vu le jour cet automne à Bruxelles. L’événement de lancement, complet avec 120 participants, a rapidement nécessité l’organisation d’une seconde session qui s’est tenue hier au Mix Brussels, dans le quartier de Watermael-Boitsfort. Plus de 100 entrepreneurs se sont réunis chez Virtuology pour assister à une conférence sur le thème « Succès, échec, reconstruction ».

Le choix de Bruxelles comme point de départ n’est pas anodin. Interrogé sur cette décision, Jean-Christophe Conticello explique : « Parce que c’est ici que j’ai décidé de vivre il y a 18 ans, que mes enfants y sont nés, et que j’ai toujours construit entre Paris, Bruxelles et Amsterdam ». Ce lancement bruxellois marque le début d’un déploiement mensuel prévu dans d’autres capitales européennes.

Jean-Christophe Conticello © Giants Society

Giants se présente comme un réseau international d’entrepreneurs, avec une base principale à Bruxelles et une ambition d’expansion au-delà de la Belgique. Le projet propose des conférences mensuelles dans plusieurs villes européennes, un accompagnement privilégié, des formations en ligne hebdomadaires et une communauté structurée autour de formats variés : ateliers, cercles privés, retraites, podcasts, dîners d’affaires, immersions, afterworks et lives exclusifs.

Des objectifs chiffrés qui interrogent

L’ambition affichée par Giants Society est sans précédent à l’échelle européenne. Selon le communiqué officiel, le projet vise à rassembler un million de membres, accompagner 10.000 entreprises, en financer 1.000 et faire émerger 100 « géants » d’ici 2050. Ces chiffres, particulièrement ambitieux, dessinent une trajectoire de croissance qui demandera à être concrétisée sur le terrain.

Le projet se structure autour de plusieurs formats d’accompagnement complémentaires. D’abord, les conseils stratégiques de Jean-Christophe Conticello lui-même, qui met à disposition ses 30 années d’expérience entrepreneuriale. Ensuite, des dîners de réseautage pour créer des connexions authentiques entre entrepreneurs partageant les mêmes valeurs. Le dispositif comprend également des livestreams énergétiques, des masterclasses d’experts et des ateliers « mini-minds » permettant d’approfondir des problématiques spécifiques en petits groupes.

Giants Society promet de transformer la trajectoire entrepreneuriale en permettant de clarifier sa vision, débloquer sa croissance, s’entourer d’entrepreneurs ambitieux et structurer sa réussite. Reste à voir comment ces promesses se traduiront concrètement pour les membres de la communauté.

Une philosophie contre la solitude entrepreneuriale

Giants Society repose sur une conviction centrale née du parcours de Conticello : « On ne devient pas un géant quand tout va bien, mais quand on choisit de continuer », indique la documentation du projet. La communauté rejette la solitude entrepreneuriale pour embrasser la force du collectif.

La philosophie de Giants s’articule autour de trois valeurs essentielles : l’énergie positive, définie comme la capacité à cultiver un état d’esprit dynamique et orienté solution ; l’ambition robuste, c’est-à-dire viser haut avec détermination ; et la résilience, soit transformer les échecs en apprentissages.

© Giants Society

Le site Giants affirme clairement son positionnement : « Ici, le travail est considéré comme une composante naturelle de notre activité. Ce n’est pas une contrainte, c’est une fierté. L’effort constant est ce qui sépare les rêveurs des bâtisseurs. Ici, on ne cherche pas le confort, on cherche la croissance ». Cette approche se traduit par plusieurs mantras régulièrement partagés dans la communication de Giants : « Chaque chute est un entraînement vers la sagesse », « La capacité à exécuter, c’est ce qui fait 100% de la différence entre ceux qui rêvent et ceux qui construisent », ou encore « Seul, on va peut-être vite, mais ensemble, on va plus loin ».

L’adhésion à Giants fonctionne sur un principe d’alignement, explique la documentation : il s’agit de vérifier que la communauté et le candidat partagent les mêmes valeurs, état d’esprit et ambitions de long terme. Deux parcours sont proposés : découvrir avant d’adhérer en participant à un événement ouvert, ou adhérer directement en ligne. Les tarifs et formules d’adhésion ne sont toutefois pas publiquement communiqués sur le site, reflétant le caractère exclusif affiché de la communauté.

Jean-Christophe Conticello, l’entrepreneur aux trois vies à 100 millions

Le fondateur de Giants n’en est pas à son premier coup d’éclat entrepreneurial. Jean-Christophe Conticello, né en avril 1976 à Marseille, est un entrepreneur en série français devenu une figure de la transformation agile et digitale en Europe. Son parcours illustre parfaitement la philosophie de résilience qu’il défend aujourd’hui.

À seulement 23 ans, en 1998, il devient CEO d’une agence web new-yorkaise spécialisée dans le design et l’e-commerce, valorisée à près de 10 milliards de dollars lors de la bulle internet. L’entreprise réalise notamment les premiers sites e-commerce pour des marques comme Tiffany.com. Mais en mai 2000, à 25 ans, Conticello vit un retournement de fortune brutal avec l’éclatement de la bulle internet. L’introduction en bourse prévue avec JP Morgan est annulée, et il perd tout, se retrouvant même sans domicile fixe.
Cette épreuve forge sa philosophie : « Le plus important dans l’entrepreneuriat, c’est la construction, ce qu’on va apprendre. Ce n’est pas juste d’accumuler de l’argent », confie-t-il.

Loin de se laisser abattre, il rebondit en créant ADNEOM Technologies en 2004, un cabinet de conseil et d’ingénierie en nouvelles technologies spécialisé dans l’intégration de logiciels financiers pour les salles de marchés. Avec ses associés, il développe l’entreprise qui dépasse les 100 millions d’euros de chiffre d’affaires en à peine 8 ans.

En 2013, Jean-Christophe Conticello fonde Wemanity à Paris avec une ambition claire : changer le monde du travail grâce à l’agilité, l’innovation et la coopération. Sa vision était de créer un environnement où « la majorité des gens rentrent chez eux chaque jour en se sentant comblés et épanouis dans leur vie professionnelle ». La croissance est fulgurante : de 10 millions d’euros en 2015, Wemanity atteint 50 millions d’euros en 2019-2020, puis 78 millions d’euros avec plus de 600 employés selon certaines sources. L’entreprise s’implante en France, Belgique (Bruxelles, Anvers), Luxembourg, Pays-Bas et Maroc, accompagnant les plus grandes entreprises européennes dont, en Belgique, Bpost, BNP Paribas et Proximus. En novembre 2022, Wemanity rejoint le réseau Reply, groupe italien spécialisé dans l’innovation technologique.

© Giants Society

Au-delà de Wemanity, Jean-Christophe Conticello a créé un véritable écosystème entrepreneurial. En 2009, il fonde Avilo Capital, fonds d’investissement ayant contribué à créer, développer et financer plus de 50 startups, avec aujourd’hui des capitaux propres de 32,6 millions d’euros. Il a également développé WeNation, décrit comme un écosystème international d’innovation comptant initialement 22 startups. Entre 2020 et début 2024, il devient co-propriétaire et CEO de Management 3.0, la méthode développée par Jurgen Appelo.

En juillet 2024, après plus de 11 ans à la tête de Wemanity, Jean-Christophe Conticello quitte l’entreprise qu’il a fondée. Dans un message, il parle de « transmission » plutôt que de fin, saluant « sa tribu Wemanity ». C’est à l’automne 2025 qu’il lance Giants Society, présenté officiellement hier à Bruxelles.

Des zones d’ombre à clarifier

Si l’ambition de Giants impressionne et si le lancement a manifestement suscité l’enthousiasme, plusieurs questions restent en suspens. Le modèle économique précis de Giants n’est pas détaillé dans la communication publique. Les critères d’accès à la communauté et les modalités d’accompagnement concret restent flous, au-delà des formats généraux annoncés.

L’écart entre les ambitions chiffrées annoncées (un million de membres d’ici 2050) et la réalité du démarrage (quelques centaines de participants aux premières conférences) pose la question de la trajectoire de croissance envisagée et des moyens déployés pour l’atteindre. Giants entend se distinguer des nombreux autres clubs et réseaux d’entrepreneurs existants, mais les informations rendues publiques à ce stade précisent pas suffisamment les éléments de différenciation concrets, au-delà de la personnalité de son fondateur.

Ces interrogations n’invalident pas le projet, mais soulignent qu’il en est à ses débuts et que beaucoup reste à construire pour concrétiser la vision affichée.

Une nouvelle page à écrire

Giants Society représente le nouveau chapitre de la vie de Jean-Christophe Conticello à presque 50 ans. Après avoir bâti Wemanity jusqu’à plus de 100 millions d’euros de chiffre d’affaires, il se concentre désormais sur l’accompagnement d’entrepreneurs individuels, mettant à leur service toute son expérience de « serial entrepreneur » ayant connu succès fulgurants, échecs retentissants et renaissances spectaculaires.

L’ambition affichée est de créer une « génération de géants qui vont changer le monde de demain », en ligne avec une vision de 2050 de transformer profondément le monde du travail et l’entrepreneuriat. Le projet entend réveiller l’esprit d’entreprise européen, décrit comme libre, créatif, responsable et fidèle à ses valeurs humaines.

La première conférence s’est tenue dans un format intimiste avec 120 participants. La suite dira si Giants parviendra à transformer cette ambition en réalité et à construire effectivement le plus grand club d’entrepreneurs d’Europe. Pour l’heure, le projet existe et propose une approche structurée de l‘accompagnement entrepreneurial, portée par un fondateur dont l’expérience n’est plus à démontrer.

Martin Boonen
Martin Boonen
Martin Boonen est journaliste diplômé de l'Institut de Journalisme de Bruxelles (2012). Il collaboré avec de nombreuses rédactions à différent niveau de responsabilité : journaliste, chef de rubrique, secrétaire de rédaction et rédacteur en chef, tant sur le web que pour la presse imprimée. Spécialisé dans les startups et l'entrepreneuriat à impact, il est devenu en 2025 rédacteur en chef du site web de Forbes Belgique. Il est affilié à l'Organisation Mondiale de la Presse Périodique depuis 2011.

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