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Grand Prix de Spa : un euro d’investi, dix euros de retombées

Depuis 2018, Vanessa Maes et son équipe de Spa GP sont en charge de l’organisation du Grand Prix de Belgique de Formule 1, qui attire quelque 380.000 personnes au total. Chaque année, ils accueillent la caravane des équipes et les 5.000 personnes qui la composent sur le circuit de Spa-Francorchamps, « le plus beau circuit du monde » comme aiment à le qualifier les pilotes de toutes générations. Plongée dans les coulisses de cet événement à l’envergure mondiale et de la manière dont la CEO et ses collègues s’efforcent de faire rayonner les savoir-faire belge et wallon.

« Le cœur du réacteur, c’est ici ! », illustre d’emblée Vanessa Maes depuis le siège de Spa GP, avec une vue plongeante sur la ligne de départ du circuit. Au départ, rien, absolument rien ne prédestinait pourtant l’organisatrice à devenir la patronne de Spa GP. Experte en immobilier, elle a rejoint son père (et ancien patron) André Maes à la création de l’entreprise en 2007. Elle y a occupé des fonctions de marketing manager avant de prendre en main la gestion des VIP. Ses fonctions se sont peu à peu élargies jusqu’à ce qu’elle en prenne la direction en 2018. « Alors que ce devait, au départ, être une histoire de quelques mois, me voilà toujours bien là en 2025, et pour de nombreuses années encore, je l’espère », confie-t-elle.

« La F1 a 75 ans cette année et le GP de Belgique était présent dès le début »

Au quotidien, la CEO et son équipe de sept personnes, qu’elle n’a de cesse de mettre en avant plutôt que de se placer, elle, sous les projecteurs, avancent avec deux principes fondateurs : mettre en avant l’outil « incroyable et unique au monde » et « la vitrine exceptionnelle » qu’est le circuit de Spa-Francorchamps et préserver l’héritage de la F1. « Digne du passé, responsable du futur, voilà mon mantra. La F1 a 75 ans cette année et le GP de Belgique était présent dès le début. Nous sommes tous bien conscients de cet héritage. »

L’équipe Aston Martin - © SPA GP
L’équipe Aston Martin – © SPA GP

C’est d’ailleurs sur ce patrimoine historique que, des années durant, le GP de Belgique a pu s’appuyer pour s’assurer d’être présent au calendrier de la F1. Mais, en 2025, cela ne suffit plus. « Après le GP 2021, les Américains de Liberty nous ont dit : ‘c’est bien beau d’avoir un tracé historique, mais cela ne suffit plus. Nous ne viendrons plus’ », se souvient l’organisatrice. SPA GP avait même reçu un courrier l’informant que le GP de Belgique allait devenir une course de réserve. « Nous leur avons répondu : ‘Non, nous allons vous prouver qu’il faut continuer et nous allons répondre à vos standards’ », se remémore encore Vanessa Maes.

Il ne s’agit en effet plus seulement de mettre en place une course automobile. « Liberty, c’est une grosse machine. Il y a la course, oui, mais aussi tous les divertissements et les animations qui l’entourent, comme des concerts ou des DJ sets. Aujourd’hui, la F1, c’est une expérience globale qui doit satisfaire le plus grand nombre. »

Et cette obstination a payé ! Nous sommes en 2025 et le GP est encore et toujours en calendrier, et pour plusieurs années encore, les organisateurs ayant réussi à mélanger un ADN belgo-wallon à cet événement mondial et aux contraintes qui l’accompagnent. Il y aura des courses au moins jusqu’en 2031, à l’exception, pour le moment, des saisons 2028 et 2030.

Julien Lalmand , Christian Haag , Vanessa Maes, Stijn De Boever, Elisabeth De Laveleye , Céline Remacle et François Detroux - © SPA GP
Julien Lalmand , Christian Haag , Vanessa Maes, Stijn De Boever, Elisabeth De Laveleye , Céline Remacle et François Detroux – © SPA GP

Mettre en place la principale course automobile disputée en Belgique n’est pas une affaire de quelques mois, bien au contraire. « En fait, notre organisation de l’édition suivante débute dès le week-end du GP. Nous devons préparer le site internet pour pouvoir vendre des billets dès le dimanche de course. Et le lendemain du GP, nous sommes tous au bureau. Nous ne disposons que d’une semaine pour tout démonter, sauf les tribunes, et rendre le circuit propre, tel que nous l’avions reçu une semaine avant la course. »

Durant l’année, Spa GP doit aussi préparer les plans de mobilité et de sécurité. Accueillir 380.000 personnes ne s’improvise pas et cela demande un énorme travail de préparation. À partir du mois d’avril, ce sont les constructions des tribunes installées spécialement pour le GP qui débutent. L’année est aussi faite de visites de travail sur d’autres circuits, pointe encore l’organisatrice, à peine de retour du GP d’Arabie saoudite.

Fin mai, Spa GP rentre vraiment « dans la dernière ligne droite » et les journées deviennent très intenses afin de finaliser la mise en place concrète du « week-end de l’année ». La quantité de travail est telle que, durant la semaine qui précède la course et durant le week-end de compétition, l’équipe s’élargit à une vingtaine de personnes. Les heures de sommeil deviennent alors rares et précieuses.

Autant d’efforts qui paient, puisque le succès est au rendez-vous dans les tribunes, mais aussi en dehors. En 2024, Spa GP s’est en effet vu décerner un prix par la F1 pour sa politique d’ESG. « C’est une récompense qui correspond parfaitement à nos valeurs d’entreprise », se félicite l’organisatrice. « À titre d’exemple, nous avons fait venir l’an dernier des enfants de milieux défavorisés durant la journée de jeudi, pour leur faire découvrir les coulisses de la F1. Sur l’ensemble du week-end, nous avons fait pour 2,2 tonnes de donation de nourriture à des associations. Nous mettons aussi en avant des partenaires et fournisseurs locaux. Quant aux équipes, elles sont aussi attentives aux questions environnementales. Toute l’équipe McLaren est ainsi déjà venue en train depuis l’Angleterre, tandis qu’Aston Martin fait transiter tout son matériel en bateau jusqu’à Anvers, avant de le faire parvenir dans les Ardennes. »

« Les retombées économiques du GP de F1 ont été évaluées par Deloitte à 41,8 millions d’euros pour la Wallonie »

La relation entre Spa GP et la F1 est donc bien plus étroite qu’auparavant. Mais aussi avec le gouvernement wallon, propriétaire à 100 % de la société organisatrice. « Il faut bien se dire que sans lui, nous n’existons pas et qu’il n’y pas de course. Les différents gouvernements sont sensibles à l’importance de l’outil qu’est le circuit pour la Région wallonne et pour la Belgique et à sa mise en lumière en mondovision. En 2022, les retombées économiques du GP de F1 ont été évaluées par Deloitte à 41,8 millions d’euros pour la Wallonie après déduction des investissements publics wallons. »

D’année en année, le gouvernement wallon éponge les dettes de Spa GP. L’édition 2024 devrait afficher une perte financière située en dessous de 3 millions d’euros, après un bilan négatif de 2,3 millions d’euros en 2023. « Cette intervention de la Région wallonne doit être considérée comme un investissement à court terme. Chaque euro qu’elle investit dans l’organisation du Grand Prix de Belgique génère 9.67 euros de retour sur investissement. Ce n’est pas négligeable dans l’équilibre économique de notre Région », conclut Vanessa Maes. 

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