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La rolls royce du speed pedelec

Des speed pedelecs premium comme réponse aux embouteillages. Voilà la vision de Maarten Baert, architecte, au sens littéral, et fondateur de Specter, une entreprise belge qui incarne la fusion du design, de la technologie, de la mobilité et de la durabilité. 

Maarten Baert (36 ans) jongle avec un emploi du temps chargé. Notre entretien doit se faire par téléphone, alors qu’il traverse les autoroutes allemandes pour rejoindre un énième rendez-vous visant à développer le réseau de distribution de Specter. Tout va très vite pour le créateur de la marque – et ce n’est pas une simple allusion à ses speed pedelecs. Car si ses vélos atteignent une vitesse maximale de 45 km/h, ce n’est pas leur seul atout. Specter se démarque avant tout par une alliance unique de technologie, design, performance et esthétique. Les speed pedelecs de Specter sont remarquablement élégants. Mais pouvait-on attendre autre chose d’un architecte qui s’est aventuré dans le domaine de la mobilité ? 

Capital de départ 

Comment un architecte en arrive-t-il à concevoir et produire un vélo électrique ? Maarten Baert : « J’ai toujours été fasciné par les véhicules, les bateaux, les vélos. Enfant, je dessinais de nombreux modèles en 3D et rêvais de fabriquer ma propre voiture. Pendant mon stage en architecture, j’ai vite compris que ce n’était pas ma vocation. J’ai adoré la formation, mais je ne me voyais pas travailler dans un bureau d’architectes. Je me suis alors lancé comme freelance dans la publicité, avant de créer rapidement ma propre entreprise. Avec mon agence de design graphique, Divide, nous travaillions principalement pour le secteur automobile. » 

« Si vous voulez inciter les gens à renoncer à leur voiture, vous devez leur offrir une vraie alternative » 

C’est dans ce contexte que Maarten Baert a pris conscience du tournant majeur que vivait la mobilité. Les grandes villes faisaient face à des embouteillages croissants, à des nuisances sonores et à la pollution. Dans le même temps, les vélos électriques gagnaient du terrain comme alternative à la voiture. « Si vous voulez inciter les gens à renoncer à leur voiture, vous devez leur offrir une vraie alternative », souligne Maarten Baert. La demande de speed pedelecs augmentait, mais les modèles existants étaient souvent lourds, encombrants, ou disposaient d’une autonomie limitée. L’architecte en lui a alors décidé de concevoir un vélo qui ne serait pas seulement rapide, mais aussi léger, élégant et durable. La marque Specter était née. 

« Avec un ami, j’ai d’abord fabriqué un prototype, qui n’a rien à voir avec notre modèle actuel », plaisante Maarten Baert. La première étape était franchie, et l’ambition d’aller plus loin s’est amplifiée. Une levée de fonds a permis à Specter de réunir plus d’1 million d’euros grâce à des crédits de l’Agence flamande pour l’innovation et l’entreprise (VLAIO). Cet été, une deuxième campagne a doublé le capital initial. Elle a attiré les investisseurs de la première heure, comme le fonds néerlandais Fundracer Capital, spécialisé dans la mobilité, qui regroupe des noms prestigieux comme René Wiertz (ex-3T), Andy Ording (ex-ZIPP) et Gérard Vroomen (ex-Cervélo). Ces experts apportent leurs conseils avisés à Specter, tout en aidant à élargir son réseau de distribution. « C’est très motivant, car ils comprennent notre démarche. Sur le long terme, ces investisseurs sont inestimables. » 

« La transition de mobilité est en marche » 

Ce long terme s’annonce prometteur. « La transition de mobilité est en marche », estime Maarten Baert. « Nous ne sommes qu’aux prémices d’une révolution verte en matière de mobilité urbaine. L’avenir du transport repose sur les véhicules électriques, et le vélo joue un rôle clé. » Pour sa part, Maarten Baert avance pas à pas avec Specter. « Être entrepreneur, c’est résoudre des problèmes pour faire avancer les choses. Cela implique une courbe d’apprentissage abrupte, mais c’est le propre de l’entrepreneuriat. » 

Segment haut de gamme 

Specter se positionne dans le segment premium des speed pedelecs. Ces vélos ne sont pas bon marché: le seul modèle actuel, le Specter 1, est disponible à partir de 8 990 euros. Avec des options de personnalisation (hauteur, couleur, batterie supplémentaire), le prix peut grimper jusqu’à 11 000 euros. « C’est une stratégie assumée. Pour se démarquer, il faut offrir quelque chose de différent. Je préfère viser une niche, car le volume existe déjà. Miser uniquement sur le prix est impossible, car cela nécessiterait un capital de départ encore plus élevé en raison des coûts de production. » 

© Specter

Un prix (plus) élevé qui reflète une qualité de design et de technologie exceptionnelle. Avec son cadre en fibre de carbone, le vélo est à la fois robuste et extrêmement léger (moins de 20 kg). Son écran intégré affiche la navigation ou des informations comme la météo. La batterie, discrètement intégrée dans le cadre, confère au design une esthétique minimaliste et épurée. Le moteur puissant, atteignant une vitesse maximale de 45 km/h, offre une autonomie de plus de 100 kilomètres. Les systèmes de freinage intègrent une technologie de freinage régénératif, qui assiste le freinage et renvoie de l’énergie à la batterie. Bref, vitesse et efficacité sans compromis sur le confort. De nombreux composants sont conçus par Maarten Baert lui-même, tandis que les moteurs et batteries proviennent de fournisseurs réputés. Aujourd’hui, les vélos sont assemblés dans les locaux de Specter à Wondelgem, près de Gand. La marque est distribuée dans plus de 40 magasins en Flandre et à Bruxelles, et compte déjà quatre revendeurs en Suisse. Les Pays-Bas, l’Allemagne, la France et l’Espagne figurent également sur la feuille de route. 

Permis et réglementation 

Le speed pedelec est reconnu en Belgique comme un cyclomoteur. Il est défini comme suit par les autorités: « Tout véhicule à deux roues à pédales, à l’exception des cycles motorisés, dont l’assistance au pédalage permet d’atteindre 45 km/h max. Le speed pedelec a la même apparence qu’un vélo classique ou à assistance électrique mais il s’agit bien d’un vélomoteur. » 

Par conséquent, il est soumis à des réglementations strictes et des permis. « C’est exact, il y a une foule de règles et de contrôles », soupire Maarten Baert. « Mais c’est logique ; il en va de la sécurité de chacun. La traçabilité de toutes les pièces est également essentielle. » 

En plus de l’extension du réseau de distribution, le développement de nouveaux modèles est prévu. Maarten Baert s’inspire d’Elon Musk, qui a commencé avec des véhicules haut de gamme avant de proposer des modèles plus accessibles. « Nous suivons une stratégie similaire, mais je ne veux pas me comparer à Musk ou Tesla », sourit Maarten Baert. « Notre Specter 2 visera un autre segment de prix, mais nous souhaitons d’abord renforcer notre empreinte. Nous avons l’impression de vivre un moment décisif. »

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