Dans un marché saturé de promesses creuses et de gélules en promo, Amandine De Paepe n’a pas voulu jouer le jeu. Elle l’a changé. « J’ai voulu créer une love brand », confie-t-elle, soit un concept à mi-chemin entre la rigueur pharmaceutique et l’intuition entrepreneuriale. Résultat : une croissance rentable, une marque à l’identité tranchée et un concept belge qui s’exporte.
« Je n’ai pas voulu lever de fonds au début. Pour l’internationalisation, c’était nécessaire », explique-t-elle. Cette prudence initiale lui permet d’atteindre la rentabilité dès les premières années. En 2023, Insentials affiche 4 millions d’euros de chiffre d’affaires, 8 millions en 2024 — une croissance de 100 %. L’objectif 2025 ? 13 millions. Sans budget Meta. L’EBITDA dépasse la moyenne du secteur, estimée entre 10 et 20 % pour les structures indépendantes.
Pas de Medimarket, ni de grandes chaînes. « Notre place, c’est avec les médecins, les cliniques privées, les pharmaciens qui veulent se réinventer. » Insentials refuse la guerre des prix : « Nos clients viennent chercher un dosage précis, une biodisponibilité optimale, une forme chimique pensée pour l’absorption, et un message honnête. »

La sobriété et la rigueur s’incarnent aussi dans le packaging. Flacons en verre ambré, étiquettes sobres, lignes épurées : on est plus proche de l’officine confidentielle que du rayon beauté. Pas de marketing tape-à-l’œil ni de designs clinquants : tout est pensé pour renforcer l’image d’expertise et de sérieux, pensé pour inspirer confiance dès le premier regard. On sent l’envie de construire une image de compétence clinique, sans ostentation.
Cette rigueur, elle la tient de l’industrie pharmaceutique. « J’ai vu ce qui pouvait mal tourner. J’ai voulu une marque qui parle vrai, qui ose aborder les sujets tabous — la ménopause, le foie non alcoolique. » Deux livres, un podcast scientifique Insentials Academy, et des formations pour médecins incarnent ce virage expert.
Les premiers investisseurs, dont Mario De Bel, se retirent lorsque la marque devient concurrente d’une société du portefeuille Coucke. Le capital est désormais partagé entre la fondatrice et les fonds Eutopia et FG Bros (environ 50 %). Objectif : accélérer à l’international. Paris, Amsterdam, puis New York. « On vise les hubs médicaux, les capitales où le conseil compte. »

Avec 29 collaborateurs, une chaîne e-commerce internalisée et un cash-flow positif, Insentials s’autorise la stabilité. « Je n’engage pas de juniors. J’embauche des gens plus intelligents que moi, pour ne pas devoir tenir la main. » La moitié du temps d’Amandine De Paepe reste dédiée à la R&D. « C’est là que je suis la plus utile. La qualité des produits, c’est non négociable, même si ça coûte. »
Insentials avance avec la même précision que ses formules : une marque intégrée, experte, sans promesses miracles.