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Le mois des galeries et musées de Forbes – novembre 2025

Chaque mois, Forbes.be vous propose une sélection d’expositions à découvrir dans les musées et galeries d’art en Belgique. Entre figures majeures de l’abstraction, nouvelles écritures technologiques et révélations brutes, cette chronique explore les propositions les plus singulières du moment. À l’affiche ce mois-ci : les œuvres rares des années 60 du peintre britannique Albert Irvin chez Nino Mier, les expérimentations visuelles et sonores de Pierre Gaignard et Eva L’Hoest chez Eric Mouchet, et la peinture compulsive, intense et bouleversante de Philippe Jaccard à la galerie Modesti-Perdriolle.

Nino Mier Gallery

Installation view of Albert Irvin, Albert Irvin: Early Works from the ’60s, Nino Mier Gallery, Brussels, October 24 – December 20, 2025

Peintre londonien, Albert Ivrvin s’est éteint en 2015. Les lieux qu’il arpentait ont donné leurs noms à ses œuvres, qui forment un « espace actif », une « analogie du vivre ». En 1956, il découvre l’exposition Modern Art in the United States à la Tate Gallery (l’actuelle Tate Britain). Jackson Pollock, Mark Rothko, Willem de Kooning le convainquent : il faut peindre la réalité sans représenter d’objets : « exprimer ce que l’on ressent. […] L’abstrait peut prendre une ligne, l’isoler ou la répéter différemment pour révéler sa force, comme Beethoven quelques notes de sa 5e Symphonie. » Early Work from the ’60s présente des œuvres rarement vues de cette période charnière.

Eric Mouchet

Pierre Gaignard interroge matière, langage et mémoire, la relation entre passé et présent, avec des gestes artisanaux et des outils numériques. À l’aide de l’intelligence artificielle, il recompose des formes cachées qu’il révèle par la lumière, le son ou la matière. Le titre de son exposition, Griza:j Hypermat’, est né d’une musicalité de la langue, son territoire d’expérimentation, auquel il confère une dimension plastique et sonore.

Eva L’Hoest, vue d’exposition inkstand – fragments of intent, Galerie Eric Mouchet, Bruxelles, 2025 © We Document Art_2

Depuis ses débus, Eva L’Hoest a exposé en Belgique et ailleurs, à KANAL – Centre Pompidou, à la Biennale de Sydney (2022), au WIELS (Bruxelles, 2021), à la Triennale Okayama Art Summit (Japon, 2019). Inkstand – Fragments of Intents, Ne pas réveiller les chiens qui dorment et The Inmost Cell présentent trois ensembles autour des technologies façonnant nos gestes, nos comportements, nos imaginaires. En détournant la technique de la cire perdue par le numérique, elle fait dialoguer le feu et le code, la fusion du métal et celle des données, vestiges d’une archéologie du futur.

Modesti-Perdriolle

« Sans titre », Philippe Jaccard, signé au dos, 1996, huile sur toile, 130x162cm,

Philippe Jaccard est un outsider. Agent de police à Genève, dépressif, mis en incapacité permanente, en 45 ans, il peint plus de mille toiles et plusieurs milliers d’huiles sur papier, presque jamais exposées. « Je ne sais jamais ce que je vais peindre. » Son seul guide : l’émotion de l’instant. Philippe Descola, anthropologue parrainé par Lévi-Strauss, a redéfini l’image des objets ethnographiques à la peinture classique, moderne et contemporaine : l’image n’est pas que représentation, elle agit (comme les amulettes, talismans ou icônes censés guérir ou protéger). Évoquant Paul Klee ou Bill Traylor, l’art brut comme l’art des fous, chaque peinture de Philippe Jaccard est une révélation salvatrice.

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