Le Salon du Bourget, officiellement connu comme le Salon international de l’aéronautique et de l’espace, ferait bien de changer de nom… et d’y ajouter le mot défense. Jamais auparavant, ce secteur n’avait été aussi omniprésent lors de cet événement biennal, organisé en banlieue parisienne. Et les entreprises belges qui y avaient fait le déplacement en ont bien compris l’intérêt, multipliant les contrats et partenariats.
Avions de chasse, drones, missiles sol-air et autres technologies de défense, il y en avait pour tous les goûts au Bourget durant ce salon. Sans oublier les démonstrations en vol des hélicoptères, des gros porteurs militaires et des Rafale, F-35 et autres Eurofighter Typhoon. Il se raconte que quelques fenêtres ont même cédé sous l’ampleur des vibrations dues au moteurs surpuissants de ces chasseurs…
L’événement a accueilli, durant une semaine, plus de 2.400 exposants issus de 48 pays sur un site équivalent à 100 terrains de football. Parmi ces exposants, la Belgique était le 4e pays au stand le plus grand. C’est dire si le Salon du Bourget est d’importance pour le marché aéronautique, spatial et de la défense belge!
Sous l’égide de l’Agence wallonne aux exportations et aux investissements étrangers (Awex) et de Flanders Investment & Trade (FIT), plus de 80 entreprises avaient fait le déplacement. Et pas des moindres: Sabca, Sabena Engineering, Amos (Aerospacelab), Coexpair, FN Herstal, Safran Aero Boosters, Sonaca, Thales, Thales Alenia Space Belgium, John Cockerill ou encore Syensqo. Sans compter les multiples PME qui soutiennent pour la plupart ces grands acteurs.
L’aéronautique est l’un des piliers de l’économie wallonne et cela s’est ressenti sur place, puisque près de trois quarts des exposants belges venaient du sud du pays. Comme l’y soulignait le ministre-président wallon Adrien Dolimont, des 12.000 emplois indirects générés par cette industrie, 9.000 sont situés en Wallonie. Plus de la moitié des 80 entreprises belges du secteur y sont installées, pour 4.000 emplois directs. Le chiffre d’affaires belge du secteur de la défense est de 2 milliards d’euros, dont 1,8 milliard rien que pour le sud du pays.
Parmi les contrats signés, on peut citer la FN Herstal qui s’est associée au groupe français Eurenco pour s’assurer, sur le long terme, de la fourniture de poudres de haute performance pour munitions de petit calibre. Safran Aero Boosters, filiale du groupe français Safran, testera, elle, prochainement la nouvelle génération de moteurs qu’elle a développée. Cela se fera à Milmort, près de Liège, chez BeCover, un banc d’essais aérodynamiques dans lequel elle a co-investi.
Toujours dans le bassin liégeois, MPP, située à Herstal et spécialisée dans le contrôle des pièces pour les secteurs aéronautique, spatial et la défense, a annoncé qu’elle s’implantait désormais au Canada. Dans ses clients, on retrouve tous les grands noms belges de l’aéronautique et de la défense et quelques grands acteurs internationaux.
La division belge de Thales Alenia Space, basée à Charleroi, va, pour sa part, continuer à équiper les fusées Ariane 6 de systèmes de sauvegarde, dont le rôle est de détruire le lanceur en cas de soucis de trajectoire et d’éviter des retombées de débris au sol.
Le long de la frontière linguistique, la société mouscronnoise Feronyl poursuivra, elle, sa coopération durant dix ans avec Lockheed Martin, le fabricant du F-35. Spécialisée dans les composites avancés à utiliser sur des surfaces à très haute température, elle pourrait fournir des pièces de très haute technologie pour les avions de chasse supplémentaires que la Belgique pourrait acheter prochainement.
Le sujet des F-35 est d’ailleurs revenu dans de nombreuses discussions belgo-belges dans les allées du Bourget, le ministre de la Défense Theo Francken ne manquant pas de s’y positionner et d’insister sur la nécessité d’en acquérir quelques-uns de plus (on parle de 21) que les 34 qu’avaient achetés le gouvernement fédéral en 2018. Une décision est attendue très prochainement, le prochain sommet de l’Otan, à La Haye (Pays-Bas) étant prévu dans quelques jours à peine.