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McLaren 750S : baroud d’honneur avant l’ère électrique ?

La McLaren 750S s’impose comme l’ultime supercar thermique à l’heure où le segment du luxe bascule vers l’électrification. Dans un contexte économique tendu et un marché premium en repli, la 750S défend une vision radicale de la performance, centrée sur le V8 et l’ingénierie allégée. Là où Ferrari et Lamborghini misent sur l’hybridation, McLaren choisit la fidélité au thermique, au moins jusqu’en 2026. Mais cette stratégie thermique haut de gamme peut-elle perdurer face aux choix technologiques de ses rivaux ? Forbes Belgique décrypte.

Le marché mondial des supercars et voitures de luxe vit une mutation accélérée. Estimé à plus de 1 000 milliards de dollars d’ici 2032, il affiche un taux de croissance solide, mais les disparités entre marques se creusent. Ferrari continue de dominer grâce à des marges supérieures à 30%, quand Porsche et Aston Martin font face à des réorganisations coûteuses.

L’électrification bouleverse les repères. Les modèles hybrides et électriques progressent fortement, avec Porsche en tête grâce à une électrification déjà majoritaire en Europe. Ferrari et Lamborghini adoptent aussi des technologies hybrides, par étapes. Le marché des supercars 100% électriques, encore émergent, devrait connaître un boom dans les prochaines années.

Dans ce paysage en mouvement, McLaren reste volontairement à contre-courant : la 750S ne cède rien à l’électrique.

Chant du cygne pour le moteur thermique ?

Dévoilée en 2023, la McLaren 750S reprend la base technique de la 720S, mais l’amène à de nouvelles extrémités. Sous son capot arrière, on retrouve le moteur V8 biturbo de 4,0 litres, porté à 750 chevaux et 800 Nm de couple. Le poids à sec descend à 1 277 kg (1 326 kg pour la version Spider), offrant un ratio poids/puissance de 587 ch/tonne. Résultat : 0 à 100 km/h en 2,8 secondes, et une pointe à 332 km/h.

© McLaren Automotive

Le châssis repose sur une monocoque en fibre de carbone MonoCage II, directement issue de la Formule 1. Le travail aérodynamique est tout aussi poussé : aileron actif 15% plus efficace, nouveau splitter, échappement central optimisé. C’est un condensé de technologie sans assistance électrique.

Côté habitacle, McLaren conserve sa philosophie minimaliste, agrémentée de touches modernes comme l’écran tactile 8 pouces, Apple CarPlay, ou encore un système audio Bowers & Wilkins. Le tout dans un environnement axé sur le pilote.

Nouvelle stratégie, nouveaux équilibres

Cette 750S marque un tournant, pas seulement technique, mais stratégique. En 2024, McLaren a connu une profonde restructuration : CYVN Holdings (Abu Dhabi) a racheté l’intégralité de l’entreprise, valorisant le groupe à plusieurs milliards. Ce rachat fait suite à une montée au capital de Mumtalakat (Bahreïn) en mars 2024. À la clé : une injection de liquidités cruciale de 85 millions de livres, permettant à la marque de consolider ses opérations.

© McLaren Automotive

Sous la direction du nouveau CEO Nick Collins, McLaren adopte une approche sélective : réduction drastique de la production à 2 000 unités par an dès 2025, recentrage sur la valeur résiduelle, diversification produit à l’étude. La marque explore désormais l’idée d’un SUV de luxe et a lancé la construction d’un studio de design ultramoderne. Par ailleurs, un partenariat technologique a été noué avec Forseven pour accélérer le développement de futurs modèles électrifiés. La 750S, en ce sens, n’est pas un point final mais un jalon stratégique.

En Belgique, un marque discrète

En Belgique, McLaren reste un acteur ultra-confidentiel. En 2025, seules 24 unités devraient être vendues sur l’ensemble du territoire, avec un prix moyen de 230 000 euros.

McLaren Brussels, unique distributeur officiel pour la Belgique et le Luxembourg, est dirigé par Laurent Louyet. Le showroom a été relocalisé fin 2023 à Waterloo dans un espace flambant neuf, intégrant ventes et service après-vente. Le groupe Louyet, aussi distributeur de BMW, Aston Martin et Rolls-Royce, confirme ainsi son ancrage dans le très haut de gamme.

Défis à venir : exclusivité vs électrification

Le contexte belge reste incertain. Les immatriculations sont en recul de près de 10% début 2025, et le segment premium souffre d’une confiance économique en berne. L’électrique progresse (près de 36% de croissance sur un an), mais les supercars thermiques conservent un attrait fort, précisément parce qu’elles se raréfient.

© McLaren Automotive

McLaren mise sur cette rareté. La production mondiale de la 750S sera limitée à 2 000 exemplaires en 2025. Une manière de maintenir la valeur résiduelle, tout en renforçant le sentiment d’appartenance à une élite de passionnés.

Reste à savoir combien de temps cette stratégie tiendra. Les normes Euro 7, les infrastructures de recharge haut de gamme, la pression réglementaire et la montée en puissance des supercars électriques comme celles de Porsche ou les futurs modèles Ferrari, poseront des défis croissants.

Baroud d’honneur

La McLaren 750S n’est pas une rupture, c’est une révérence. Elle incarne une idée du luxe automobile centrée sur la performance mécanique brute, la légèreté et l’exclusivité. Dans un marché en mutation, ce choix radical séduit autant qu’il interroge. Et s’il fallait une dernière preuve que l’ingénierie thermique britannique sait encore imposer ses lois, la 750S la fournit, à plein régime.

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