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Pas question d’introduire Odoo en Bourse, affirme son CEO

Odoo a déjà 23 ans et continue de voir grand pour sa plateforme open-source proposant une suite d’applications professionnelles pour la gestion d’entreprise. Elle devrait atteindre d’ici 2027 le milliard d’euros de chiffre d’affaires, comptera 10.000 employés à travers le monde courant 2026, et jouit désormais d’une valorisation d’entreprise estimée à 7 milliards d’euros! Environ 15 millions de clients utilisent ses services. Et pourtant, son CEO (et milliardiaire) Fabien Pinckaers est formel: « notre ambition est de survivre! »

Plus grand événement tech et business d’Europe

Son entreprise organisait l’Odoo Experience en cette mi-septembre. Durant trois jours, plus de 400 conférences (disponibles en streaming et replay) sont données sur le plateau du Heysel de Bruxelles, où plus de 400 exposants présentent également leur activité. Le tout attire la bagatelle de 40.000 personnes, dont 80% de public étranger venant de 150 pays (certains sont mêmes venus des Etats-Unis, de Dubaï ou d’Australie), pour un budget d’organisation de 3,5 millions d’euros. « Tout cela en fait le plus grand rendez-vous tech et business d’Europe, qui dépasse désormais le seul cadre d’Odoo », se réjouit Fabien Pinckaers, interrogé par Forbes Belgique.

Ainsi, 15% des conférences données durant l’événement sont externes à Odoo, une manière d’attirer un public plus large encore, alors que l’entrée est gratuite. A titre d’exemple, on retrouve parmi les conférenciers l’ancien basketteur français Tony Parker, par ailleurs fondateur et CEO d’Infinity Nine Group, mais aussi Justine Henin, médaillée d’or olympique en tennis et entrepreneure. On peut également citer Benjamin Dessy (Country Manager chez Mastercard), Jacques Borlée (ancien entraîneur de l’équipe d’athlétisme belge), GuiHome (humoriste et entrepreneur), Hubert Ewbank (CEO de Chant d’Eole), Pierre Wunsch (gouverneur de la Banque nationale de Belgique), Cedric Dumont (pionnier du wingsuit et du BASE-jump et psychologue de la performance), Sam Bambust (CEO de Cronos Groep), Alexandre Helson (co-CEO de la Maison Dandoy), Claire Munck (CEO de Be Angels) ou encore l’économiste Bruno Colmant.

Un milliard de revenus

Mais revenons-en au succès fulgurant de la septuple licorne (le nom donné à une entreprise dont la valeur dépasse le milliard d’euros, NDLR) wallonne ces dernières années, qui s’appuie sur une activité rentable et pérenne. Sa valorisation n’était encore « que » de 5 milliards d’euros il y a 9 mois et de 3,8 milliards un an plus tôt. « Notre chiffre d’affaires progresse d’environ 45% par an. En 2025, nous serons à 650 millions d’euros et on devrait atteindre le milliard en 2027. Nous employons déjà plus de 6.500 personnes et nous allons encore en recruter plus de 3.000 dans les mois qui viennent », situe son CEO et actionnaire majoritaire (55%).

Les raisons du succès

Mais comment expliquer un tel succès et l’empreinte littéralement planétaire d’Odoo? « La raison principale, c’est notre produit, qui est unique. Il n’y a rien de comparable sur le marché. Les autres acteurs du secteur n’arrivent pas à nous concurrencer, proposant des produits soit trop simples, soit trop compliqués, et pas avec les mêmes prix. Nos solutions sont dès lors plus faciles à vendre aux clients », explique Fabien Pinckaers.

A ses yeux, l’essence-même de la plateforme est de venir en aide aux PME dans leur gestion et avec un seul produit, sur lequel elle reste très focalisée, plutôt que de s’étaler en termes de produits ou de départements, comme cela existe dans les principales grandes entreprises du secteur.

Les principaux clients d’Odoo sont des PME, qu’elles soient belges ou étrangères. En Belgique, l’empreinte est nationale et on retrouve, parmi les « grands clients » la Région wallonne, Carrefour, le cuisiniste Eggo ou encore les magasins d’électro Selexion.

La survie

Et pourtant, malgré ces chiffres et performances sans égal, le CEO est catégorique quand on l’interroge sur ses ambitions futures. « Notre objectif, c’est de survivre! Il y a des milliers d’acteurs dans notre segment. Et je suis convaincu qu’une très forte consolidation interviendra dans le futur, à l’issue de laquelle il ne restera qu’entre 1 et 3 trois grands acteurs. Et j’espère qu’Odoo pourra être un de ceux-là. »

La licorne envisage-t-elle dès lors une introduction en Bourse? « Nous ne souhaitons pas le faire. C’est contre nos valeurs », balaie Fabien Pinckaers, patron atypique s’il en est. Avec une cotation, les investisseurs sont focalisés sur le court terme, alors que le succès d’Odoo s’est construit et se construit encore grâce à une vision sur le long terme. Être coté apporte également beaucoup de contraintes, par exemple en termes de reporting. »

La plateforme va donc continuer à s’appuyer sur ses actionnaires actuels pour pousuivre son développement fulgurant. Parmi eux, outre le CEO belge, on retrouve Wallonie Entreprendre (bras financier de la Région wallonne), Summit Partners (qui en est le principal investisseur institutionnel) ou encore Sequoia, BlackRock ou Mubadala (un fonds d’investissement souverain détenu par le gouvernement d’Abou Dabi).

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