L’été bat son plein et les festivals musicaux se succèdent. Certains clôturent leur édition avec un bilan positif, d’autres en tirant un peu la tête. Et pour cause, il leur devient de plus en plus difficile de s’adapter aux changements de comportement de la part des festivaliers. Face à un secteur en pleine évolution, pour la première fois depuis le Covid, plusieurs festivals francophones se sont retrouvés pour aborder les défis qui les occupent.
Une première depuis le Covid
C’est donc une réunion assez rare qui a eu lieu au tout début du mois de juillet. Plusieurs organisateurs de festivals francophones (
Ronquières Festival,
LaSemo,
Francofolies de Spa,
Les Solidarités, etc.) et les promoteurs d’événements (
Live Nation,
OD Live,
Back in the Dayz…) se sont retrouvés. Au menu de leur discussion? L’augmentation croissante du cachet des artistes (+10 à 15% chaque année), des spectacles de plus en plus ambitieux à mettre en place en un rien de temps sur la scène des festivals, des artistes qui se produisent dans des salles à des dates rapprochées de l’été (ce qui diminue fortement l’attrait pour les voir en festival) ou encore des artistes dont la présence sur scène se multiplie pendant l’été, réduisant de fait le nombre de concerts exclusifs et la programmation des festivals.
Tout cela alors que les organisateurs sont confrontés par ailleurs à d’autres défis comme le prix de la location des scènes qui a plus que doublé entre la période pré-Covid et aujourd’hui, les frais à débourser pour les nombreux prestataires, les caprices de la météo, avec un climat qui se dérègle, et un festivalier dont les habitudes ont changé avec la pandémie de coronavirus.
« Or, d’un point de vue financier, c’est difficile de répercuter l’ensemble des coûts sur le public », explique
Samuel Chappel, organisateur de LaSemo (Enghien). « Les gens ont des moyens limités et peuvent dès lors assister à moins de festivals qu’auparavant. »
Les choix des festivaliers
« Les festivaliers doivent faire des choix », abonde
Yoann Frédéric, organisateur des Francolies de Spa. « Les festivals ne sont ni plus ni moins concurrents entre eux qu’un vol Ryanair à 30 euros ou un abonnement pour regarder le championnat de football à la télévision. Il y a désormais une grande offre de loisirs, très concurrentielle, et il faut faire des choix. »
Ces mêmes festivaliers ont en outre changé de comportement ces dernières années. « Se rendre à plusieurs festivals ou à un même festival était incontournable, les gens bloquaient les dates dans leur agenda. Mais ce n’est plus le cas. Et puis, ils achètent leurs places de plus en plus tard, ce qui fait peser beaucoup d’incertitudes », analyse Jean-François Guillin, co-organisateur du Ronquières Festival.
« Il faut donc se poser les bonnes questions, pour voir comment remédier à cette situation », développe-t-il.
Pas un gentil et un méchant
L’une des options a, donc, été de réunir organisateurs, qui partagent tous les mêmes constats, et promoteurs et agents d’artistes pour un dialogue très ouvert. Les constats posés seront toutefois difficiles à inverser, s’accordent à dire les trois organisateurs. « C’était une discussion constructive, où chacun a pu entendre la réalité de l’autre. Et il y a une véritable empathie mutuelle », constate Jean-François Guillin.
« Il n’y a en effet pas un gentil et un méchant de l’autre », confirme Yoann Frédéric. « Mais nous devons pouvoir nous-mêmes nous remettre en question. Et la pression est forte sur notre modèle économique, avec les hausses des coûts de production et artistiques. »
Si certains médias ont pu quelque peu dramatiser le contenu de la réunion, Samuel Chappel et ses collègues n’ont pas le même avis. « On a fait beaucoup de foin autour de cette rencontre, mais il ne s’y est pas passé grand-chose. Ce n’était pas non plus un cri d’alarme. Juste un échange sur nos réalités mutuelles. Et tout le monde est bien conscient qu’il y a un écosystème à préserver, notamment pour les artistes émergents », conclut l’organisateur de LaSemo.