En novembre 2024, le CEO et fondateur de LegalFly, Ruben Miessen, a été sélectionné avec 29 autres jeunes pour la première liste belge des 30 Under 30. Aujourd’hui, Ruben revient pour Forbes sur son parcours et sur ce que l’avenir réserve.
LegalFly développe une IA avancée pour optimiser les workflows juridiques et accroître l’efficacité des entreprises du monde entier. LegalFly, qui a levé 17 millions d’euros auprès d’investisseurs de premier plan, compte aujourd’hui plus de 30 employés, possède des bureaux à Londres et à Gand, et rivalise avec les grands acteurs américains. Ruben développe LegalFly pour en faire un leader mondial de l’intelligence artificielle juridique pour les entreprises.
Forbes.be – Ruben, comment avez-vous progressé avant de fonder LegalFly ?Ruben Miessen – J’ai obtenu un diplôme d’ingénieur, avec une spécialisation en développement d’applications mobiles à l’Erasmushogeschool de Bruxelles. Pendant mes études, j’ai rapidement commencé à entreprendre. Ma première véritable start-up s’appelait Maggy. L’idée est née lors d’un hackathon organisé par la Commission européenne, le EU vs Virus Hackathon. J’y ai développé un dispositif de distanciation sociale, un appareil portable que l’on pouvait accrocher à un cordon et qui permettait de mesurer la distance avec les autres. L’appareil signalait si l’on s’approchait trop de quelqu’un et pouvait également indiquer quelles personnes devaient se mettre en quarantaine en cas de contamination. Nous avons produit et vendu environ 25 000 appareils à de grands clients comme Netflix (pour la série The Crown, par exemple) et Proximus, ainsi qu’à des centrales nucléaires qui devaient continuer à fonctionner pendant la pandémie.
– Après la crise du coronavirus, vous avez rejoint l’application de rencontres Tinder.
– C’est exact. Twoo, l’ancienne Netlog, a été longtemps la plus grande application de rencontres en Belgique. Plus tard, Twoo a été vendue à Match Group, la société mère de Tinder. J’ai été chargé de démanteler Twoo. L’objectif était alors de prendre le contrôle de l’ancien équipe de Netlog pendant un an, de mettre fin aux activités et de transférer tous les utilisateurs vers Plenty of Fish, la plus grande application de rencontres au Canada à ce moment-là. Ce processus a été un succès, et j’ai pu aller chez Tinder pour diriger des initiatives d’IA. J’ai eu l’opportunité de construire ma propre équipe, qui est maintenant mon équipe chez LegalFly.
– Comment vous est venue l’idée de fonder LegalFly ?
– Chez Tinder, j’étais souvent en contact avec le département juridique, qui était très fort sous pression. J’ai remarqué que la dépendance aux avocats ralentissait les processus et que les équipes juridiques étaient souvent en sous-effectifs. J’ai constaté qu’on perdait beaucoup de temps et d’argent parce que les workflows juridiques n’étaient pas efficaces. Je voulais y remédier. Nous avons développé une plateforme qui utilise l’IA pour vérifier, générer des contrats et effectuer des vérifications de conformité, avec un très fort accent sur la confidentialité et la sécurité des données. L’idée est de décharger les équipes juridiques et de les aider à se concentrer sur le travail stratégique, au lieu de tâches routinières.
Mon expérience avec de grandes organisations telles que KBC, Mediafin et divers cabinets d’avocats a confirmé qu’il y avait un grand besoin de solutions intelligentes et automatisées. Notre plateforme est désormais présente dans le monde entier, avec des bureaux à Londres et à Gand, et nous avons plus de 30 employés.
– Quelles ont été les plus grandes difficultés au démarrage de LegalFly ?
– Nous avons officiellement commencé en juillet 2023. En deux ans, nous avons connu une croissance très rapide. Cela ne s’est pas fait sans difficultés, surtout parce que nous voulions croître rapidement et pénétrer les marchés internationaux. Un des premiers grands défis a été de trouver les bons talents, surtout en ingénierie et en vente. Nous avons ouvert un bureau à Londres pour accéder à un plus grand vivier de talents et croître plus rapidement à l’international.
Une autre difficulté était la confidentialité. Pour les documents juridiques, l’IA doit fonctionner de manière très sûre, surtout parce que nous travaillons avec des données sensibles. Par exemple, nous testons des modèles de recherche profonde en provenance de Chine, mais nous le faisons avec beaucoup de soin et en accordant une grande attention à la confidentialité des données.
– Comment voyez-vous l’avenir de l’IA dans le secteur juridique et votre rôle dans celui-ci ?
– Je crois que l’IA transformera complètement la manière dont le secteur juridique opère. Dans quelques années, de nombreuses tâches routinières comme la révision de contrats, les vérifications de conformité et la due diligence seront entièrement automatisées et exécutées de manière bien plus efficace. Cela signifie que les équipes juridiques pourront travailler de manière plus stratégique et axée sur le conseil, plutôt que d’effectuer des tâches manuelles et chronophages. LegalFly veut jouer un rôle de premier plan dans ce domaine en continuant à innover et en élargissant les cas d’utilisation.
En somme, je ne vois pas l’IA comme un remplacement, mais comme l’allié le plus puissant pour les juristes afin de créer plus de valeur et rendre les processus juridiques fluides et économiques. Ce n’est que le début et je suis convaincu qu’au cours des prochaines années, nous jouerons un rôle central dans le monde de la technologie juridique.
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