Les restaurants asiatiques sont nombreux à peupler nos rues, particulièrement dans les grandes villes et celles de taille moyenne. Sur ce marché, Thaï Café a réussi, depuis son lancement en 2003, à se faire une place à part. L’enseigne s’appuie désormais sur 18 restaurants en Belgique, principalement dans la partie francophone du pays. Forte d’un modèle qui a fait ses preuves, elle ambitionne d’en ouvrir une quinzaine de plus d’ici à 2029, avec un focus sur la Flandre, et fait, pour ce faire, appel au financement participatif. Elle jette aussi un regard appuyé vers l’étranger.
« Thaï Café se développe à son rythme depuis une vingtaine d’années, mais surtout depuis douze ans », explique son patron et fondateur Michel De Bloos. L’entreprise n’a, selon lui, pas « besoin » de fonds, alors qu’elle est pleinement soutenue par son partenaire bancaire BNP Paribas Fortis. « Mais c’est par contre une façon pour nous d’augmenter nos fonds propres et d’accélérer un peu le mouvement dans notre volonté de croissance. Le secteur horeca a beaucoup souffert de la période du Covid et les marges ont diminué. Et nous constatons que nous avons désormais la maturité, les équipements, la logistique et le savoir-faire pour pouvoir grandir. »
Là où Thaï Café serait en mesure d’ouvrir un ou deux restaurants par an via un financement bancaire, l’entreprise entend pouvoir aller bien plus vite grâce à ce financement participatif, qui est destiné à ses clients.
Focus sur la Flandre
L’objectif est ainsi d’ouvrir 15 succursales dans les prochaines années, avec un focus particulier sur la Flandre, pour atteindre, puis dépasser, le seuil des 30 restaurants. Ce sont les villes belges de 20.000 à 50.000 habitants à haut pouvoir d’achat qui sont visées (Bruges, Anvers, Gand, certains quartiers de Bruxelles ou encore Liège), avec, en outre, encore 60 villes et communes en Belgique qui correspondent aux critères d’ouverture de l’entreprise.
Michel De Bloos dit avoir une préférence pour des emplacements ayant déjà servi pour l’horeca, ce qui réduit les coûts pour acquérir et installer un nouveau Thaï Café. Le budget pour ouvrir un restaurant oscille en effet entre 300.000 et 600.000 euros, avec une moyenne de 450.000 euros. Pour les 15 sites envisagés, cela représente donc quelque 7 millions d’euros.
Une première levée de fonds
Durant la première phase, qui s’étend sur 2025 et 2026, l’objectif est de lever 2,5 millions d’euros, soit 10% de la valeur de l’entreprise, qui est évaluée par KPMG à 25 millions d’euros. Ce montant servira à financer les six premières ouvertures. Une seconde levée de 1 à 1,5 million d’euros pourrait suivre dans 18 à 24 mois puis le solde sera financé par les fonds propres du groupe et des financements bancaires.
La levée de fonds s’opère via Thai Café Group Invest, qui détient 10% de la holding Sabai Sabai. C’est à elle qu’appartient l’enseigne Thaï Café. Cela se fait sous le contrôle de la FSMA, l’Autorité des services et marchés financiers. Les clients peuvent donc devenir co-actionnaires et accompagner activement la croissance du groupe. Les investisseurs seront régulièrement informés de la croissance et du succès de l’entreprise. Ils bénéficieront aussi de réductions.
Et la croissance semble au rendez-vous, vu que les succursales sont généralement rentables dès la 2e année d’exploitation. Comment expliquer cela? « Ce ne sont pas des commerces de détail classiques. Si l’endroit est bien situé et le concept maîtrisé, et qu’en outre l’enseigne est déjà un peu connue et attendue, alors cela va assez vite pour un restaurant », développe le fondateur de Thaï Café. S’ajoute à cela le fait que c’est une cuisine de niche et que l’entreprise s’installe rarement avec des concurrents proposant de la nourriture thaï à proximité. L’an dernier, avec ses quelque 500 collaborateurs, elle a préparé 750.000 repas, dont un tiers pour la livraison ou à emporter.
Et après 2030?
Qu’adviendra-t-il de la chaîne après 2030 et la réalisation de ces ambitions? « Nous n’avons pas de plan prédéfini », répond le patron. « Jusqu’ici, nous avons avancé par opportunités pour les emplacements et en fonction de la situation géopolitique et économique. Et nous n’allons pas changer de stratégie. Nous verrons bien où nous en sommes dans cinq ans. »
Selon les estimations de l’entreprise et les analyses de KPMG, la valeur de l’entreprise pourrait augmenter de plus de 71% d’ici 5 ans par rapport à aujourd’hui.
Expansion à l’étranger
D’après la brochure d’investissement, trois scénarios sont sur la table: la vente de l’ensemble du groupe Thaï Café à un tiers, l’entrée d’un investisseur stratégique majeur et le rachat des actions des clients (en partie ou en totalité) par Sabai Sabai à partir de 2029.
Des investisseurs (des « géants du secteur », selon Michel De Bloos) s’intéressent en tous les cas déjà à Thaï Café. Et le fondateur voit d’un bon oeil une internationalisation de l’enseigne via une « master franchise ». « De ce côté-là, il y a de l’intérêt et nous sommes mûrs pour cela. Mais nous ne souhaitons pas nous exporter ainsi à l’étranger nous-mêmes. Des discussions sont en cours. »