La demande de permis d’urbanisme cadrant les contours de la nouvelle ambassade américaine auprès de la Belgique et de l’UE a été introduite. Situé à Etterbeek entre les stations de Metro Thieffry et Mérode, le nouveau QG bruxellois se veut fonctionnel et intégré.
C’est un dossier à multiples rebondissements qui mûrit depuis plus de dix ans déjà. Le site finalement pressenti par le département d’État américain -non encore invalidé par le président Trump- est logé sur la commune d’Etterbeek, et plus précisément en lieu et place des anciens bureaux occupés par ING au Cours Saint-Michel. L’acte d’achat en pleine propriété validé par le Congrès américain a été signé par le futur propriétaire dès décembre 2022 avec le duo de promoteurs immobiliers Immobel et Besix RED, qui l’avaient précédemment acquis et qui ont enregistré au passage un coquet bénéfice à se partager.
Aujourd’hui vidé de ses derniers occupants, le site de bureaux de près de 140.000 m² doit désormais être sécurisé par le nouveau propriétaire, avant longue démolition puis reconstruction hautement sécurisée d’ici 5 ans. La commune d’Etterbeek, qui ne voit pas ce nouvel occupant exonéré d’impôt d’un très bon œil, a déjà pris en mars dernier un arrêté de police contre les premières mesures de protection exécutées sans permis préalable, permis dûment régularisé aujourd’hui. Et elle ne manquera pas de surveiller de très près les futures étapes de ce projet d’envergure, notamment sur le volet de la démolition qui devrait durer quasi un an et risque de causer pas mal de nuisances dans le quartier.
Pour l’instant, la demande de permis mixte (urbanisme et environnement) introduite en avril a été jugée complète fin mai et est à l’instruction, avant enquête publique. L’avis du SIAMU a été rendu le 12 juin dernier. La Région, en charge de l’octroi du sésame, dispose à présent de 430 jours pour statuer. On suivra notamment de près la Commission de concertation où, parmi les avis, celui de la commune d’Etterbeek sera officialisé.
En bons termes avec le voisinage
D’ici là, le nouveau propriétaire jouera la carte de l’apaisement et de l’intégration. A terme, le futur immeuble en U hypersécurisé de six niveaux hors sol dessiné par le bureau d’architectes américain KieranTimberlake (Philadelphie), déjà mandaté pour dessiner la nouvelle ambassade US de Londres, devrait accueillir quelque 700 employés sur 35.000 m² environ (équipement d’intérêt collectif ou de service public), ce qui réduira de près de 2/3 l’imposante surface bâtie actuelle et permettra de remettre en pleine terre 42% de la parcelle concernée. Le nombre de parkings en sous-sol sera lui aussi drastiquement réduit à moins de 200 places. En outre, le parc voisin, qui fait tampon entre la future ambassade et les immeubles à appartements voisins, sera maintenu et entretenu par le futur occupant.
Toutes ces nouvelles ont de quoi rassurer quelque peu les riverains, qui avaient craint un moment voir leur nouveau voisin réduire leur confort de vie, leur ensoleillement et, par ricochet, la valeur vénale de leur habitation. Tim Richardson, le chargé d’affaires à l’ambassade américaine auprès de la Belgique et de l’Union européenne (UE), se veut rassurant depuis l’acquisition du terrain: «A l’instar des récents projets à Londres ou à La Haye, nous avons entamé un mouvement général de retour de nos ambassades vers les centres urbains, avec une approche totalement repensée et moins agressive pour le voisinage. Plutôt que des hauts murs et autres caractéristiques habituellement associées aux ambassades américaines à travers le monde, notre nouveau modèle s’intègre davantage dans le contexte urbain existant sans pour autant déroger aux impératifs de sécurité en vigueur dans ce genre de bâtiments diplomatiques».
