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Sonaca change de division et devient un leader mondial de l’aéronautique

Sonaca, le champion belge de l’aéronautique et de l’aérospatial, vient de prendre une participation à hauteur de 51% au capital de l’équipementier aéronautique espagnol Aciturri Aerostructures. Forbes Belgique était du voyage pour la clôture officielle de cette transaction et revient sur les coulisses de cette journée historique pour les économies wallonne et belge.

« Ca, c’est un four autoclave. Des fours aussi grands, nous n’en avons pas en Belgique, mais ici ils en ont besoin pour produire leurs dérives verticales » (une pièce constituant l’ossature verticale de la queue d’un avion A350, NDLR). Yves Delatte, le CEO de Sonaca est presque comme chez lui quand il fait visiter les hangars de l’équipementier aéronautique espagnol Aciturri Aerostructures, dans lequel son groupe vient de prendre 51% des parts.

Ensemble, les deux partenaires deviennent en effet le leader européen indépendant dans la production de composants pour avions et le 3e acteur mondial. Ils sont actifs dans l’aéronautique, le spatial et la défense. La nouvelle structure emploie plus de 6.700 salariés, dont 2.500 chez Aciturri, et est présent dans sept pays, dont la Belgique (à Gosselies), les Etats-Unis, le Mexique, le Canada et le Brésil (le pays d’Embraer, le 3e constructeur mondial d’avions derrière les géants Airbus et Boeing). Son chiffre d’affaires combiné affichera la bagatelle d’1,2 milliard d’euros cette année, dont plus de 700 millions pour Sonaca.

Là où le groupe carolo est un leader mondial dans le domaine des structures métalliques pour avions, Aciturri est plutôt connu pour son expertise en technologie des composites. Or cette matière est essentielle pour développer des avions plus légers et plus durables et participer à la décarbonation de l’aviation.

Pour fêter ce mariage en juste noces, Sonaca a emmené une délégation composée de sa direction mais aussi de quelques journalistes et de hauts représentants de ses deux actionnaires que sont Wallonie Entreprendre, le bras financier de la Région wallonne, et la Société fédérale de participations et d’investissement (SFPIM), le fonds souverain de l’Etat belge. Ces deux acteurs n’ont d’ailleurs pas hésité à soutenir financièrement l’opération de rachat d’Aciturri, dont les détails resteront confidentiels pour des raisons stratégiques dans un secteur hautement concurrentiel.

© Sonaca

Durant la visite de l’usine, située près de Valladolid, à deux heures de route de Madrid, les invités ont pu découvrir, étape par étape, le processus de développement des différentes pièces que fabrique Aciturri. Ce fut ensuite l’heure des discours devant l’ensemble des travailleurs. Après avoir symboliquement signé une dérive verticale décorée aux couleurs des deux nouveaux « mariés » avec son homologue Ginés Clemente, président exécutif de l’équipementier espagnol, Yves Delatte et la direction belge ont pris le temps de distribuer des chocolats belges à l’ensemble du personnel.

Le patron carolo était logiquement aux anges durant cette journée à marquer d’une pierre blanche et qui marque l’aboutissement d’un processus lancé en octobre 2021. « Nous nous étions rencontré sur le parking, ici devant, Covid oblige« , se souvient-il. « Grâce à cette alliance stratégique, nous créons à présent un nouveau centre de gravité dans l’industrie aéronautique européenne. Il s’agit d’un choix tourné vers l’avenir, avec un objectif clair : devenir la référence en matière de développement et de production d’avions plus durables.« 

« Il faut aussi se dire que chaque fois que vous prenez l’avion, que ce soit un Airbus, un Boeing ou un Embraer, il y a dedans des pièces de Sonaca« , lance Yves Delatte.

Ginés Clemente et Yves Delatte © Sonaca

Aucun emploi ne disparaitra à la suite de cette reprise, les deux acteurs étant en pleine croissance. La rentabilité est même plus élevée en Espagne qu’en Belgique, étant donné les coûts de production significativement inférieurs dans la péninsule ibérique. Ce qui renforcera d’ailleurs la rentabilité de Sonaca, pointe l’heureux repreneur.

Les deux partenaires comptent par ailleurs profiter pleinement des besoins renforcés du secteur de la défense, étant donné le contexte géopolitique. « Mais j’ai lancé cette dynamique dès mon arrivée à la tête de la Sonaca il y a quatre ans !« , s’empresse de souligner le CEO belge. Environ 10% des activités d’Aciturri sont consacrées à la défense et le groupe belge a, lui, pour ambition de développer de nouveaux produits, comme un interrupteur de missiles.

L’heure du retour a déjà sonné pour la délégation belge. Yves Delatte, lui, devait prendre la direction de la Californie et de la mission économique princière qui s’y est installée durant une semaine. Le ministre de la Défense Theo Francken sera de la partie et le CEO entendait dès lors bien positionner adéquatement Sonaca auprès des acteurs américains du secteur.

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