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Juin 2025 : le mois des galeries

Chaque moi, Forbes.be vous ouvre les portes d’une sélection de galeries d’art en Belgique.

Xavier Hufkens reçoit Arch Future, exposition de la Chilienne Cecilia Vicuña.

L’espace s’est mué en forêt de laine rouge, brute, venue d’Argentine. Ce Quipu Menstrual, pensé par l’artiste en 2006, lors de l’élection de la première chilienne présidente, Michelle Bachelet. Le fil du quipu, œuvre réparatrice issue de la tradition inca, évoque les glaciers et le sang menstruel, symboles de vie. Cecila Vicuña ne se veut pas créatrice, mais transmettrice. Pour chaque quipu, elle fait appel à des mains locales : ici, 8 étudiants de Luca School of Art (Gand).

Un bond en avant dans le temps : son tableau Dance of Death, danse de jeunes femmes enceintes aux corps entrelacés, s’inspire d’une photo des années 1910, rituel de la tribu Witoto, durement touchée par la colonisation. Cecilia Vicuña a été poétesse dès les années 60, puis peintre dans les années 70. Après le coup d’État contre Allende en 1973, elle perd ses œuvres, puis réinterprète ses motifs en exil, à Londres et New York.

Witoto, Cecilia Vicuña, 2024 © DR

Très émue, elle se souvient : « L’origine et l’avenir sont synonymes d’existence. Ces racines vieilles de milliers d’années sont nécessaires à l’avenir de l’humanité ». Revenir sur ses œuvres disparues après son départ du Chili est une manière de s’inscrire dans cet Arch Future, titre de l’exposition. « Après le putsch, mon travail a été annulé. Pendant des décennies, je n’ai plus rien fait. Devenue vieille, mon travail retrouvant une vie dans le monde, j’ai voulu que ce récit revive. J’ai grandi dans une famille traditionnelle où nous écoutions beaucoup les anciens. Sans cela, je n’aurais pu survivre. Ils parlent toujours en nous. Ma mère a 100 ans. Ses danses, ses chants et ses plantes la maintiennent en vie. »

www.xavierhufkens.com

L’Américain Jeff Kowatch, qui a son atelier sur le canal de Vilvorde, expose ses Incantations à la galerie la Forest Divonne.

« J’ai grandi en Californie, vécu à New York. À mon arrivée en Belgique, la lumière du nord me déroutait : mes peintures sont devenues grises. Or, mes peintres préférés Rembrandt, Vermeer, sont les maîtres de ces couleurs du nord. » À Brooklyn, Robert Doak, le maître des pigments, lui apprend à fabriquer le médium organique que Rembrandt laissait épaissir au soleil, aussi onctueux que du miel. Entre 1989 à 1994, Kowatch commence par peindre les douze apôtres et la Trinité, « Je laissais ces Vierges sans titre, pour que le regardeur aille en-deçà de la religion. J’ai longtemps pratiqué le bouddhisme zen, quatre heures par jour pendant quinze ans. Cela m’éloignait des idées fixes, vers la fluidité. Mes peintures nécessitent un an à deux ans de travail, mais naissent d’une improvisation méditative. Je veux faire ressentir un art qui comporte trois éléments : le matériau, le sujet et l’espace profond de l’inconnu, antérieur à Dieu, à Bouddha, à la pensée. »

Incantation, Jeff Kowatch © Mireille Roobaert

Le titre de l’exposition, Incantation, renvoie à cette pratique zen : une peinture de la répétition, de la vibration presque pointilliste, de la variation qui invite le spectateur au regard méditatif. Les couleurs et les contours flottent sans toucher le bord. « Je voulais préserver la sensation des croquis dans mes carnets, ces dessins où je ne réfléchis pas. Je veux que cela ressemble à des dessins… que j’appelle des peintures ».

www.galerielaforestdivonne.com

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