C’est un tournant majeur qui se dessine pour le marché du travail. Selon une nouvelle étude, 2026 pourrait bien être l’année de la bascule : pour la première fois, les entreprises comptent recruter davantage de talents à l’étranger que sur leur propre sol. Une solution radicale face à la pénurie, mais qui s’accompagne d’un sérieux casse-tête administratif.
Le recrutement local a-t-il atteint ses limites ? C’est ce que suggère le Global Workforce Report 2025 publié par Remote. En interrogeant 3 650 dirigeants RH à travers dix pays, l’étude met en lumière une réalité chiffrée impressionnante : 73% des responsables estiment que la majorité de leurs recrutements en 2026 concernera des talents basés à l’étranger.
Plus concret encore : les entreprises prévoient qu’en moyenne, 62% de leurs futures recrues viendront d’un autre pays. En clair, dès l’année prochaine, près de deux nouveaux collaborateurs sur trois ne vivront probablement pas dans le même pays que leur employeur.
La Belgique face à ses voisins
Si l’étude n’a pas audité la Belgique, elle s’est penchée sur nos voisins directs. Et les chiffres sont parlants : les Pays-Bas sont les plus dynamiques en Europe, avec 65% des entreprises ayant recruté hors frontières ces six derniers mois. L’Allemagne suit de près avec 53%.
Pour les entreprises belges, déjà sous pression avec une pénurie structurelle de profils qualifiés, le message est limpide. Si vos concurrents directs vont chercher leurs ingénieurs ou développeurs aux quatre coins du monde, rester cantonné au marché national devient un risque stratégique majeur. D’autant que le vivier local s’assèche : près de trois quarts des entreprises mondiales (74%) affirment qu’il est plus difficile de trouver des talents locaux aujourd’hui qu’il y a un an.
Le prix de la complexité
Mais attention au mirage du « tout-international ». Avoir accès à 8 milliards de candidats potentiels fait rêver, mais la réalité juridique fait souvent l’effet d’une douche froide. Car recruter à l’étranger, c’est aussi affronter des législations du travail, des fiscalités et des systèmes de sécurité sociale différents à chaque fois.
C’est d’ailleurs le frein principal. 64% des DRH avouent que ces réglementations complexes bloquent leurs ambitions. Plus inquiétant pour les finances : parmi ceux qui ont franchi le pas, 31 % admettent que des erreurs de conformité leur ont coûté plus de 50 000 dollars. Bref, l’improvisation ne pardonne pas.
La fin de la « fuite des cerveaux » ?
Au-delà des défis logistiques, cette tendance pourrait redéfinir l’économie mondiale. Barbara Matthews, Chief People Officer chez Remote, y voit une opportunité historique : « Les talents qui, autrefois, devaient s’expatrier pour accéder à de meilleures opportunités peuvent désormais travailler pour des entreprises internationales sans quitter leur pays. »
On s’éloigne donc de la traditionnelle fuite des cerveaux. Pour les talents, c’est la promesse de belles carrières sans déracinement. Pour les entreprises, c’est l’accès à la compétence, où qu’elle soit. Reste une condition : avoir les reins assez solides pour gérer la complexité administrative qui va avec.
