« Lors d’une soirée, l’idée est venue de se dire : et si on faisait un gin à notre image ? », racontent-ils. Le projet prend forme sans détour. Deux associés (Martin Bertrand et François Huttin), un territoire clair. « Pour nous, les Ardennes, ça parle à tout le monde », explique son partenaire. L’ancrage sert de boussole au-delà du décor.
La distillerie de Rochefort devient l’atelier où tout se précise. « On fait le test, on ajuste, on refait le test… les deux derniers échantillons nous semblaient identiques, alors que pour le spécialiste, il y’a une vraie différence. On comprend vite l’importance d’être accompagné », confient Martin Bertrand et François Huttin, les deux associés à l’origine d’Arduenna. Le travail avance par nuances, jusqu’à obtenir une signature aromatique stable dans un marché dense.
La marque naît en novembre 2021, avec une première ambition de 10 000 bouteilles produites sur trois ans. Le succès dépasse le cadre prévu : l’intégralité du premier stock est écoulée en six mois. L’équipe structure alors sa croissance autour d’un cadre clair : la certification B Corp. « C’est une façon de rester en ligne avec nos valeurs », expliquent-ils. Toute la chaîne de valeur en est influencée : les achats, la production, la recharge des bouteilles, la manière de collaborer.

L’entreprise compte aujourd’hui cinq personnes à temps plein et avance à rythme constant, avec une croissance annoncée de +32% pour un ÇA estimé à 1,5 millions. Cette progression repose sur une gouvernance compacte. « On prend vraiment les avis de tout le monde. Après, il faut trancher, mais chacun apporte son regard », disent-ils. Avec un staff de 8 personnes dont 4 employés et 2 alternants en plus des 2 fondateurs, l’horizontalité est en effet naturelle.
L’export se construit par rencontres. « L’Europe constitue le premier terrain : Londres, Paris, Düsseldorf. Le Japon arrive grâce à une rencontre solide », résument-ils. Les salons accélèrent la visibilité et ouvrent des relations durables. La stratégie reste mesurée : chaque marché grandit à son tempo.
Le segment sans alcool suit la même logique de précision. « La mirabelle apporte une rondeur unique. C’est surprenant pour ceux qui découvrent Arduenna zéro », expliquent-ils. Cette version attire un public plus large, en phase avec des habitudes de consommation en mutation. « Au Moyen-Orient, cette boisson apporte une singularité sur ce marché. C’est aussi une façon d’entrer en relation d’une autre manière avec le Arduenna. »

Le financement initial s’appuie sur leurs propres moyens, puis sur un tour d’investisseurs. « Ils sont actionnaires, mais nous restons majoritaires et maîtres de la direction », précisent-ils. 82.19% pour les fondateurs, 17.81% pour les investisseurs (Arthur et Nicolas Lhoist, Xavier Goebels, FH Immo et Yannik Bellefroid).
Le contrôle stratégique reste interne ce qui garantit une cohérence de long terme.
La priorité aujourd’hui : consolider la présence européenne. « L’idée, c’est de développer chaque marché de manière soutenable et de garder une taille humaine. Une nouvelle personne arrive en février 2026 et nous participons à 10 salons internationaux », concluent-ils. Arduenna poursuit sa route sans brutalité, avec la même conviction qu’au premier soir où l’idée a émergé.
