Le travail hybride n’est plus une mode. Les entreprises revoient leur stratégie de bureau, les employés demandent plus de flexibilité et les villes constatent une redistribution des lieux de travail à travers le pays. En Belgique, où les coûts immobiliers élevés et les embouteillages quotidiens pèsent sur la productivité depuis des années, ce changement est particulièrement sensible.
Peu de personnes ont vécu cette évolution d’aussi près que Mark Dixon, fondateur et PDG du International Workplace Group (IWG), la maison mère de Regus, Spaces, HQ et Signature. Le 4 novembre, l’entreprise a publié ses résultats pour le troisième trimestre 2025 : une croissance du chiffre d’affaires de 4% par rapport à l’année précédente et une forte augmentation du nombre de nouvelles implantations dans le monde. Cette croissance s’inscrit dans la « stratégie allégée en capital » d’IWG, un modèle axé sur les partenariats et la franchise plutôt que sur des investissements coûteux en propre. Au total, le réseau compte désormais plus de 4 400 sites dans 120 pays, dont une cinquantaine en Belgique, faisant d’IWG un acteur clé dans le passage mondial au travail hybride. « Les entreprises belges ont toujours adopté le travail hybride, mais aujourd’hui plus que jamais », explique le fondateur et PDG Mark Dixon à Forbes Belgique. Mark Dixon a ouvert le premier site à Bruxelles en 1989 et est aujourd’hui l’une des voix les plus influentes de l’industrie mondiale des espaces de travail. « La technologie facilite cet transformation, les employés veulent plus de liberté, et le trafic, surtout autour de Bruxelles et Anvers, reste un gros problème. En même temps, de nombreuses entreprises sont sous pression : l’économie croît lentement, l’inflation reste élevée, et les organisations cherchent des moyens de rester productives à moindre coût. Un modèle de lieux de travail flexibles les aide à réduire ces coûts de moitié, sans investissement en capital, avec une flexibilité maximale. »
Réduire les coûts, attirer les talents
Selon Mark Dixon, l’avantage du travail hybride réside dans la combinaison de l’efficacité et de l’attrait. « Le problème en Belgique n’est pas seulement le coût élevé des loyers, mais aussi le trafic. Les transports en commun existent, mais pas partout, et la plupart des gens se déplacent encore en voiture. Cela coûte du temps et de l’argent », dit-il. « La Belgique est géographiquement assez dispersée. Les gens ne travaillent pas seulement à Bruxelles, mais aussi à Anvers, Louvain, Charleroi, et ainsi de suite. Grâce aux modèles de travail hybrides, les entreprises peuvent attirer des talents où qu’ils se trouvent et leur offrir un bureau près de chez eux. Ainsi, les employés n’ont plus besoin de se rendre tous dans un siège central. »
Les PME comme exemple
Bien que de nombreuses multinationales ne fassent le passage au travail hybride que récemment, selon Dixon, les PME belges étaient les pionnières. « Les petites entreprises l’ont toujours fait, et maintenant les grandes suivent. Pour les PME, tout tourne autour de la trésorerie. Le plus coûteux est de bloquer du capital dans un contrat de location long terme. Les lieux de travail flexibles éliminent ce fardeau : pas d’engagements de neuf ans, pas de lourds investissements, vous ne payez plus que pour ce que vous utilisez. »

Flexible mais connecté
Mais la flexibilité signifie-t-elle que le lien disparaît ? Selon Mark Dixon, ce n’est pas le cas : « En effet, même si les gens travaillent localement ou à domicile, il reste nécessaire de se rencontrer régulièrement. Mais nous voyons que les entreprises organisent de plus en plus souvent des moments mensuels ou trimestriels, par exemple dans nos salles de réunion ou à des lieux externes. C’est crucial pour la collaboration et la culture. Les managers doivent également prendre le temps de connaître leurs équipes. »
Un réseau au lieu d’un bureau unique
En Belgique, IWG compte aujourd’hui environ cinquante sites, mais ce nombre augmentera rapidement dans les années à venir. Récemment, de nouveaux centres HQ ont été ajoutés à Bruxelles (Meiser et Rue de la Loi), des emplacements Spaces près de l’aéroport de Bruxelles, ainsi que des extensions à Namur, Nivelles et Charleroi. « Nous nous développons non seulement à Bruxelles et à Anvers, mais aussi dans des villes plus petites », raconte Mark Dixon. « L’avenir ne tourne plus autour d’un siège unique, mais autour d’un réseau de lieux de travail. »
2040 : travailler comme une plateforme
Cela change le paysage des bureaux belges à grande vitesse. « D’ici 2030, le bureau ne sera plus une adresse physique, mais une plateforme« , explique-t-il. « Vous ne dites plus « je vais à mon bureau à Bruxelles », mais « je travaille aujourd’hui depuis un bureau de notre réseau ». Votre seul lieu de travail fixe est en ligne. Le rôle des bureaux change : ils deviennent des lieux pour se concentrer, pas pour faire la navette. » Cette vision s’accorde avec une nouvelle enquête d’IWG auprès de la génération Alpha (les 11-17 ans d’aujourd’hui). Elle révèle que 81% d’entre eux s’attendent à ce que le travail hybride soit la norme d’ici 2040, 88% prévoient de travailler avec l’IA ou des robots, et seulement 29% souhaitent encore faire plus d’une demi-heure de trajet. « La nouvelle génération ne veut pas vivre comme leurs parents : coincés dans les embouteillages chaque jour, gaspillant temps et énergie. Ils sont numériques, mobiles et attendent de la flexibilité. Ce n’est plus une option, c’est une nécessité. »
