Une consommation vestimentaire en berne
En 2024, les dépenses des Français en matière d’habillement ont connu une baisse significative. Selon une étude du Boston Consulting Group, le budget mode des Français a diminué de 38 %, contre une moyenne de 20 % pour les Européens. Cette contraction s’inscrit dans un contexte où l’inflation, bien que ralentissant à 2 % en moyenne annuelle, continue d’affecter le pouvoir d’achat des ménages.
Les ventes en volume ont reculé de 4 % en 2023, et la tendance s’est poursuivie en 2024 avec une baisse de 1 %. Les consommateurs, confrontés à la hausse des prix de l’énergie et de l’alimentation, arbitrent leurs dépenses en réduisant celles consacrées à l’habillement.
Le vêtement, entre nécessité et expression sociale
Historiquement, le vêtement a toujours été un vecteur d’expression sociale en France. Cependant, la part des dépenses consacrées à l’habillement est passée de 6,4 % du budget des ménages il y a trente ans à 3,3 % en 2024. Cette évolution reflète une transformation des priorités, où les besoins essentiels priment sur les achats dits « plaisir ».
Parallèlement, les habitudes de consommation évoluent. Les plateformes en ligne telles que Shein, Temu et Vinted connaissent une croissance significative, attirant des consommateurs à la recherche de prix bas et de bonnes affaires. La seconde main représente désormais 12 % des ventes d’habillement, maroquinerie et chaussures en France.
La loi « fast fashion » : une mesure aux effets contrastés
Actuellement débattue au Parlement, la loi visant à réduire l’impact environnemental de l’industrie textile, surnommée « loi fast fashion », introduit un système de bonus-malus écologique. Les marques proposant un renouvellement rapide de leurs collections sont soumises à un malus pouvant atteindre 10 euros par article d’ici 2030.
Si cette mesure vise à encourager une consommation plus responsable, elle suscite des inquiétudes quant à son impact sur les ménages les plus modestes. Pour ces derniers, les enseignes de fast fashion représentent souvent l’unique option pour s’habiller à moindre coût. L’augmentation des prix résultant du malus pourrait ainsi restreindre davantage leur accès à l’habillement.
Une fracture sociale accentuée
La conjonction de la baisse du pouvoir d’achat, de l’évolution des habitudes de consommation et des nouvelles régulations environnementales met en lumière une fracture sociale croissante. Les ménages aisés peuvent se tourner vers des alternatives durables ou locales, tandis que les plus précaires voient leurs options se réduire.
Les marques « made in France », telles que Le Slip Français ou Gentle Factory, ont dû baisser leurs prix pour rester compétitives, illustrant les défis auxquels elles sont confrontées dans un marché en mutation.
Le secteur de l’habillement en France traverse une période de profonde transformation. Les défis économiques, sociaux et environnementaux s’entrelacent, révélant les tensions d’une société en quête d’équilibre entre consommation responsable et accessibilité. Le vêtement, au-delà de sa fonction utilitaire, demeure un miroir des fractures et des aspirations de la société française.