Après plus de trente ans d’activité, le rideau tombe sur le déstockeur de vêtements Caméléon. Le 2 mai dernier, le tribunal de l’entreprise néerlandophone de Bruxelles a mis fin à la procédure de réorganisation judiciaire par transfert.
Fin mars, l’enseigne avait déjà fermé ses portes à Woluwe-Saint-Lambert, et vendredi dernier, le magasin de Genval a également cessé ses activités.
La décision résulte de tentatives infructueuses de maintenir la société à flot, malgré l’exploration de diverses options de financement telles que le crowdlending et des négociations avec des investisseurs potentiels. Un candidat avait proposé de reprendre le stock et 24 travailleurs pour relancer l’entreprise dans un bâtiment à des conditions locatives réalisables, mais un malentendu concernant le passif social a conduit au refus de l’offre par le mandataire de justice. En conséquence, le tribunal a mis fin à la PRJ (procédure de réorganisation judiciaire) et la faillite a été déclarée.
Fin 2020, l’enseigne Cameleon avait été reprise par Pascale Switten, Alexis Malherbe, et Thibaut Dehem. Leur modèle de reprise innovant avait intégré les employés au capital, un mécanisme peu courant en Belgique. Un plan de relance avait été mis en place pour sauver les actifs critiques de l’entreprise, nécessitant d’intenses négociations pour acquérir le fond de commerce pour plus de 600.000 euros. Ce redémarrage incluait le stock, des actifs et certains contrats, permettant aux employés de se réapproprier l’outil de travail.

Aujourd’hui, les leading ladies Pascale Switten et Lien Geeroms ne cachent pas leur profonde déception. « Nous nous sommes battues jusqu’au bout. Après une longue et intensive recherche d’un nouveau bâtiment pour remplacer le bâtiment de Woluwe et de moyens financiers – y compris des négociations avec quatre banques, une tentative de campagne de crowdfunding, des discussions avec des investisseurs potentiels et des repreneurs potentiels, nous avons dû jeter l’éponge ».
Au-delà de la PJR, les raisons de l’échec ne sont pas à chercher bien loin. « Nous avons eu une bonne première année, mais ensuite, la guerre en Ukraine a commencé, suivie par l’explosion des prix de l’énergie, l’inflation, l’indexation importante des salaires et la crise économique, ce qui a évidemment entraîné une baisse du trafic, particulièrement pour notre magasin de Woluwe, encore exacerbée par les travaux autour de Bruxelles ».
Face à ces difficultés, l’équipe de Cameleon a tenté de trouver des solutions. « Nous avons essayé de mettre en place diverses stratégies marketing pour attirer les clients, mais quand le chiffre d’affaires baisse, le loyer devient trop lourd pour un grand bâtiment. À moment donné, les frais de location représentaient 14-15 % de notre chiffre d’affaires à Woluwe. Nous avons essayé de sous-louer le troisième étage et de renégocier le loyer avec le propriétaire, mais malheureusement ces tentatives n’ont pas abouti », explique Pascale Switten.
Après plusieurs discussions avec le curateur et le juge-commissaire, il a été conclu qu’il n’y aura pas de nouvelle offre de la part du repreneur potentiel. Cependant, il reste possible pour de nouveaux repreneurs intéressés de se manifester auprès du curateur, Maarten Bentein (Modo-Law), souligne Pascale Switten.
La faillite de Cameleon s’ajoute à la liste déjà longue de faillites belges. En avril dernier, 991 faillites ont été prononcées en Belgique, soit une hausse de 7,37% par rapport à 2024, déclare le fournisseur d’informations de crédit Graydoncreditsafe.